Au Mozambique, le président met en garde contre une incitation "à la révolte"

Le président du Mozambique, Filipe Nyusi, à Washington, DC, le 13 décembre 2022. AFP / Evelyn Hockstein

Le président mozambicain Filipe Nyusi a prévenu mercredi que les appels à manifester violemment pourraient être considérés comme des "actes délictueux", dans un contexte de tensions croissantes à la veille de la publication des résultats officiels des élections générales du 9 octobre. 

Le principal opposant, Venancio Mondlane, qui revendique la victoire à la présidentielle et dont l'avocat assassiné la semaine dernière a été enterré mercredi, a appelé à deux jours de manifestations jeudi et vendredi pour dénoncer des fraudes électorales. "Le fait de discréditer les institutions, (...) d'inciter la population à la révolte, de désinformer et de créer le chaos à des fins politiques peuvent être considérés comme des actes délictueux", a averti le président sortant, dont le parti Frelimo est aux affaires de ce pays d'Afrique australe depuis l'indépendance en 1975.


Face au Frelimo, qui a présenté Daniel Chapo comme candidat à la présidence, l'opposant Venancio Mondlane appelle à "paralyser le pays" pendant deux jours pour protester contre l'annonce des résultats par la commission électorale. Ceux-ci sont attendus jeudi, a confirmé le porte-parole du gouvernement Filimão Suaze. Venancio Mondlane, ancien animateur de radio et de télévision âgé de 50 ans, a quitté il y a quelques mois la Renamo, premier parti d'opposition, après avoir échoué à en prendre la tête. Il est adossé au modeste parti Podemos.

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Il dénonce des irrégularités et fraudes orchestrées par le pouvoir lors du scrutin du 9 octobre, entaché selon les observateurs de l'Union européenne d'"altérations injustifiées des résultats des élections au niveau des bureaux de vote et des districts". "Que le pays manifeste à nouveau contre un processus qui n'est pas encore à son terme est déconcertant", a insisté le président Nyusi, qui termine son deuxième mandat. "Aussi, nous appelons tous les Mozambicains à attendre le résultat des élections", a-t-il ajouté, sortant de plusieurs jours de silence.


Dans un avant-goût de ce que pourraient être les manifestations de fin de semaine, les obsèques de l'avocat de Venancio Mondlane, assassiné alors qu'il préparait un recours devant la plus haute cour du pays, ont attiré mercredi des milliers de personnes près de Maputo, selon l'AFP sur place. "Venancio", comme l'appelle la rue, est "obligé d'être absent", a expliqué dans l'église Notre-Dame de Rosario un membre de son équipe de campagne, Dinis Tivane.

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Elections au Mozambique : l'opposition signale des irrégularités


Son absence intervient au lendemain d'une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle, en plus de son appel à manifester, il estimait sa "tête mise à prix". Lors de ce direct, il accusait le pouvoir d'avoir assassiné son avocat Elvino Dias dans une embuscade à Maputo samedi. "Cela ne fait aucun doute, ce sont les forces spéciales qui ont tué Elvino de 25 coups de feu", avait asséné l'opposant, rejetant la thèse de la police liant l'attaque à une affaire de mari jaloux.


Paulo Guambe, un responsable du parti Podemos, a été tué en même temps qu'Elvino Dias. Une troisième passagère, blessée, a reçu mercredi une visite à l'hôpital du président Nyusi, d'après une photo diffusée par le chef de l'Etat lusophone sur les réseaux sociaux. "Nous n'avons aucun doute" sur le fait qu'Elvino Dias "a été assassiné en raison de son rôle d'avocat représentant la formation politique Podemos", a estimé l'Union panafricaine des avocats dans un communiqué mercredi.