Depuis le 28 février 2024, le Nigéria détient deux cadres supérieurs de Binance. Ces derniers avaient été envoyés sur place trois jours auparavant, dans le but de résoudre les tensions entre la plateforme d'échange et le pays. Tigran Gambaryan, citoyen américain de 39 ans, et Nadeem Anjarwalla, citoyen britannique âgé de 37 ans, n'ont pas pu reprendre leur vol de retour.
Lire aussi : Aux États-Unis, le secteur des crypto-monnaies est sous pressionAu lieu de cela, les autorités nigérianes envisagent de prolonger leur détention, initialement approuvée pour 14 jours par un tribunal, à la demande de la Commission nigériane de lutte contre la criminalité économique. Une audience prévue le 20 mars doit examiner cette demande.
D'après le témoignage de l'épouse de Gambaryan au Wall Street Journal, les deux hommes, étroitement surveillés et privés de leurs passeports, n'ont été informés d'aucune accusation formelle à leur encontre.
Accusations de sabotage économique
Cette affaire découle de l'offensive du Nigeria contre Binance, accusé de porter préjudice à l'économie locale. Le pays traverse une période difficile, avec une inflation en forte hausse (près de 30% en janvier 2024) et la dévaluation continue de sa monnaie, le naira.
Cette situation encourage les Nigérians à se tourner massivement vers les cryptomonnaies, en particulier celles adossées au dollar américain, connues sous le nom de "stable coins". D'après le site Statista, 42% des Nigérians déclaraient posséder ou utiliser des monnaies numériques en 2021, un pourcentage nettement supérieur à la moyenne mondiale.
Cependant, les autorités n'apprécient guère cette monnaie alternative, qu'elles considèrent comme un vecteur potentiel d'activités criminelles, du blanchiment d'argent au financement du terrorisme. Binance réfute ces accusations, affirmant avoir répondu à plus de 600 demandes d'informations de la part du Nigeria au cours des quatre dernières années.
"La crypto-monnaie devrait être interdite dans notre pays, sinon cette hémorragie de notre devise continuera sans contrôle", a déclaré Bayo Onanuga, conseiller spécial du président nigérian Bola Tinubu, sur X le 21 février 2024.
À la recherche d’un bouc émissaire ?
Le Nigeria, par le biais du gouverneur de sa Banque centrale, accuse Binance d'avoir facilité des transactions s'élevant à 26 milliards de dollars sur sa plateforme l'année dernière et demande désormais 10 milliards de dollars en dédommagement, selon le Financial Times.
Cette source indique également que des informations concernant les 100 principaux utilisateurs nigérians de la plateforme et l'historique des transactions des six derniers mois relatives au pays auraient été demandées.
Plusieurs critiques émergent contre les actions du gouvernement, accusé de chercher un bouc émissaire pour détourner l'attention des problèmes économiques internes du pays.