Au Tchad, la coalition Wakit Tama se dit victime d'acharnement

Dr Succès Masra président du parti les Transformateurs, N’Djamena, Tchad, le 11 août 2019.

Une marche pacifique a été violemment réprimée le week-end dernier et le sièges des Transformateurs a été perquisitionné.

Une traque judiciaire est lancée contre les leaders de Wakit Tama, un mouvement politico-civil tchadien qui dit militer contre l’injustice et le risque de confiscation du pouvoir par le Conseil militaire de transition (CMT).

Une marche pacifique a été violemment réprimée le week-end dernier. Le siège du parti les Transformateurs, membre de cette coalition, a été perquisitionné et des leaders étaient convoqués lundi à la police judiciaire.

Faisant le bilan des marches pacifiques du 2 et du 9 octobre, autorisées, puis réprimées pour non-respect d’itinéraire indiqué par les autorités de transition, les responsables de Wakit Tama affirment qu’il y a eu au total 58 blessés enregistrés et une trentaine d’arrestations.

Une perquisition jugée problématique

Dans la matinée du 10 octobre 2021, la police nationale a perquisitionné le siège du parti les Transformateurs. Selon le président du parti, Dr Succès Masra, lui et quelques militants qui se trouvaient au siège ont été brutalisés et séquestrés pendant toute la matinée.

D'après le chef des Transformateurs, le fait même que cette perquisition s’est déroulée un dimanche, jour non ouvrable au Tchad, à 6h du matin, est problématique en soi.

Un point de vue soutenu par le constitutionnaliste et ancien ministre de la Justice Ahmat Mahamat Hassan, pour qui l’acte de la police ne se justifie pas.

"J’étais vraiment étonné", confie à VOA Afrique Ahmat Mahamat Hassan, ajoutant que la police a fait une mauvaise interprétation des textes.

Il précise que pour perquisitionner une propriété privée, le code tchadien de procédure pénale de 1967 prévoit des heures: aucune perquisition n'est permise avant 7h ou après 19h.

Ironie du dialogue avec les rebelles

Pour Succès Masra, la perquisition de son siège n'est qu'une tentative d’intimidation qui n’entamera en rien sa détermination. Il note toutefois avec ironie que les mêmes autorités de transition qui entament des démarches pour dialoguer avec des rebelles armés sont réfractaires à l'idée que des Tchadiens sans arme leur proposent des alternatives pour permettre au Tchad d'avancer.

Pour l'heure, trois porte-paroles de Wakit Tama, notamment Barka Michel président de l’Union des syndicats du Tchad, Dr Sitack Yombatina Béni, vice-président du parti les Transformateurs et Marting Félix, président du parti RDST, sont placés en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire.

Contactés par VOA Afrique, les responsables de la police ne veulent pas communiquer pour l’instant.