Aucun Conseil des ministres depuis trois semaines au Gabon

Ali Bongo à la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de l'Union Africaine à Addis-Abeba, le 29 janvier 2018.

Aucun Conseil des ministres ne s'est tenu depuis trois semaines au Gabon, période correspondant à l'absence du président Ali Bongo Ondimba, hospitalisé en Arabie Saoudite.

"En principe, au Gabon, il y a un Conseil des ministres chaque semaine, ou un toutes les deux semaines", indique Télésphore Ondo, spécialiste de droit constitutionnel. Qu'il n'ait pas eu lieu "créé des difficultés de fonctionnement de la République" car "la plupart des décisions comme les projets de loi sont délibérées en Conseil des ministres", ajoute-t-il.

En l'absence du président, la loi prévoit que le vice-président puisse présider un Conseil ministériel sur "délégation express" du chef de l'Etat, et avec "un ordre du jour bien précis", selon M. Ondo. Autre solution quand "tout est bloqué": la Cour constitutionnelle peut intervenir comme "organe de régulation des institutions", affirme le constitutionnaliste.

"Le président du Sénat ou le Premier ministre pourraient saisir la Cour pour qu'elle autorise le vice-président à présider un Conseil", selon M. Ondo.

Le "chef de l'Etat continue d'exercer ses fonctions", a déclaré dimanche le porte-parole de la présidence à Libreville, Ike Ngouoni, ajoutant: "les institutions de notre République fonctionnent donc aujourd'hui parfaitement dans le strict respect de la Constitution". Il avait affirmé que le président Bongo était "en phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés physiques", reconnaissant de manière implicite la gravité de son état de santé.

M. Bongo est hospitalisé en Arabie Saoudite depuis trois semaines et la rareté des informations sur son état alimente fausses nouvelles et rumeurs les plus alarmistes.

"Le pouvoir essaye de gagner en temps avec cette opacité", selon le politologue André Adjo. Le directeur de cabinet à la présidence, Brice Laccruche, a hérité "d'une position privilégiée", selon M. Adjo, qui ajoute qu'il ne faut cependant pas "exagérer" ses pouvoirs. L'autre homme fort est Frédéric Bongo, frère du président et patron du renseignement.

Avec AFP