L'Autriche durcit sa loi sur l'asile

Des migrants attendent de passer la frontière autrichienne près de Freilassing, en Allemagne, le 17 septembre 2015.

Les demandeurs d'asile en Autriche pourront se voir confisquer jusqu'à 840 euros d'argent liquide ainsi que leur téléphone portable et les données qu'il contient dans le cadre d'un projet de loi controversé sur l'asile et l'immigration présenté mercredi.

Le texte présenté en conseil des ministres par la coalition droite/extrême droite au pouvoir à Vienne est critiqué par l'opposition et de nombreux acteurs de l'asile.

Parmi les mesures emblématiques figure la saisie de sommes pouvant aller jusqu'à 840 euros, selon les ressources des migrants, afin de "rembourser les coûts de la procédure d'asile", selon le ministère de l'Intérieur. La confiscation des téléphones portables a pour but d'examiner les données de localisation des appareils et de les recouper avec les déclarations des demandeurs d'asile sur leur itinéraire et leur point d'entrée dans l'Union européenne.

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Pour le ministre de l'Intérieur Herbert Kickl, membre du parti d'extrême droite FPÖ, il s'agit de donner au droit d'asile un cadre "plus restrictif". Le gouvernement affiche également sa volonté de rendre le pays moins attractif pour les demandeurs d'asile.

Le projet de loi, qui doit être voté avant l'été, prévoit également de placer immédiatement en centre de rétention, en vue de leur expulsion, les bénéficiaires de l'asile condamnés par la justice autrichienne et ayant purgé leur peine.

Les réfugiés perdront également leur titre de séjour en Autriche s'ils se rendent dans leur pays d'origine pour des "vacances".

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Les débats sur l'immigration et l'intégration ont été au centre de la campagne législative autrichienne à l'automne, alors que ce pays de 8,7 millions d'habitants a enregistré plus de 150.000 demandes d'asile, représentant près de 2% de sa population, à la suite de l'afflux de réfugiés de 2015-2016.

Le parti conservateur du chancelier Sebastian Kurz, qui a remporté l'élection et fait alliance avec le FPÖ du vice-chancelier Heinz-Christian Strache, avait annoncé ce durcissement de la loi dans le programme de coalition.

Le gouvernement prévoit également de réduire les aides sociales pour les réfugiés.

A l'instar de plusieurs de ses homologues européens, le ministre de l'Intérieur, un des principaux stratèges du FPÖ, souhaiterait également délocaliser à l'extérieur de l'UE, dans des "pays de transit", les procédures de demande d'asile.

Cette réforme de l'asile a été qualifiée de mesure "à courte vue" par les sociaux-démocrates (SPÖ), principale force d'opposition, qui juge qu'elle n'est ni "humaine", ni "efficace", soulignant notamment qu'aucune disposition n'a été prise pour accélérer les procédures de demande d'asile.

L'ONG Amnesty International a dénoncé un texte qui renforce "la fragmentation de la société".

Avec AFP