Aux Etats-Unis, la bataille pour vacciner les réticents ne fait que commencer

Debra Fraser-Howze reçoit une dose du vaccin Pfizer-BioNTech contre la maladie à coronavirus au NYC Harlem Hospital dans l'arrondissement de Manhattan à New York, États-Unis, le 25 février 2021.

Aux Etats-Unis, après des niveaux de vaccination record, le nombre quotidien de personnes recevant une dose anti-Covid est en forte baisse, obligeant les autorités à revoir leur stratégie pour parvenir à atteindre les indifférents et les sceptiques.

La campagne de vaccination a jusqu'ici été menée tambour battant. Tous ceux en âge d'être vaccinés sont désormais éligibles dans le pays, où quelque 55% des adultes ont reçu au moins une dose.

Mais un nouveau défi se pose aujourd'hui: vacciner l'autre moitié. Une nécessité pour pouvoir espérer atteindre l'immunité collective susceptible de mettre un terme à l'épidémie.

Or, après un pic début avril, le rythme des vaccinations quotidiennes a ralenti de manière significative au niveau national. Les enthousiastes, ceux qui attendaient le vaccin de pied ferme, ont déjà remonté leurs manches pour la piqûre. Restent les autres.

Au Texas, grand Etat du sud des Etats-Unis, le rythme des injections est ainsi en chute libre.

Un grand site fédéral de vaccination à Arlington, entre Dallas et Fort Worth, a fini par fermer ses portes mi-avril, faute de demande suffisante.

Pour tenter d'inciter la population, le NRG Stadium de Houston et le Fair Park de Dallas, deux "vaccinodromes" également appuyés par l'Etat fédéral, ont arrêté d'exiger des rendez-vous.

Des horaires plus tardifs sont aussi proposés pour les personnes qui travaillent le soir: à Houston, le site ne ferme plus à 17 heures mais 21 heures. Les Texans s'y font vacciner en quelques minutes, sans sortir de leur voiture.

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"Trop loin"

Malgré cela, plus de la moitié des doses du NRG Stadium ne trouvent pas preneur. "Nous avons une capacité d'environ 6.000 personnes (par jour) et nous avons même été jusqu'à 7.000. Aujourd'hui, les chiffres ont plongé à 2.500 en moyenne", explique Martha Marquez, responsable communication du département de Santé du comté de Harris. "Une baisse considérable."

Une nouvelle stratégie misant sur la proximité a donc été instaurée, pour atteindre des publics plus isolés, socialement ou géographiquement.

Cinq centres de vaccination mobiles sillonnent les zones du comté où les cas positifs sont les plus importants.

"La semaine prochaine, nous déploierons dix cliniques" mobiles, se félicite Ashlei Dawson, responsable de l'un d'eux.

Ce jeudi, la jeune femme encadre sept personnes et en forme huit autres qui travailleront dans les nouvelles unités.

Son équipe a investi pour la journée la bibliothèque de Pasadena, une ville majoritairement hispanique en banlieue de Houston.

Le public ne vient qu'au compte-goutte et seulement 27 personnes ont reçu une injection à la mi-journée.

Parmi elles, Jose Herrera, 55 ans, enfin vacciné: "Je ne l'ai pas fait avant parce que c'était trop loin. Je voulais un endroit plus près de chez moi. On ne sait pas quelle réaction on peut avoir" une fois piqué.

Dans la ville, une vingtaine de supermarchés ou pharmacies proposent pourtant des injections.

Mais c'est grâce à sa fille, qui travaille justement dans cette bibliothèque que cet homme sans emploi a finalement accepté de se déplacer pour obtenir son vaccin, avec son épouse Maria.

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Davantage accessible

"Puisque nous avons rempli la mission de vacciner la majorité de ceux étant le plus à risque (...), nous nous concentrons dorénavant de plus en plus sur d'autres groupes, qu'il prendra du temps d'atteindre", a reconnu vendredi Jeff Zients, coordinateur de la lutte contre le Covid-19 pour la Maison Blanche.

"Nous voulons faire en sorte qu'il soit plus facile d'avoir un vaccin chez son docteur", a ajouté Vivek Murthy, le médecin en chef des Etats-Unis, en promettant bientôt des annonces.

Rendre le remède plus accessible, c'est la clé, confirme le Dr Saad Omer, directeur de l'Institut pour la santé mondiale de Yale.

Depuis des mois, la confiance dans les vaccins a fortement augmenté, et parmi les personnes non vaccinées, beaucoup sont simplement indécises.

"Une manière de s'attaquer à ça est d'augmenter leur demande. Une autre est de rendre ça si facile et accessible que même les hésitants diront: 'OK, faisons-le'", explique-t-il.

Reste que certaines tranches de la population demeurent très sceptiques.

Près de 30% des électeurs républicains disent ne pas vouloir se faire vacciner (contre 5% des démocrates), selon une étude de la Kaiser Family Foundation parue fin mars. Même proportion chez les personnes blanches chrétiennes évangéliques.

Des voix s'élèvent pour que ces catégories fassent l'objet de davantage de pression. Mais pour Saad Omer, "si quelqu'un doit les blâmer, cela devrait être un évangélique blanc, pas une personne extérieure".

C'est ce qui s'est produit avec succès, explique-t-il, pour les personnes noires, chez qui la confiance a fortement augmenté grâce aux prises de positions d'organisations Afro-Américaines.