"Le référendum pour abroger le 8e amendement (de la constitution, ndlr) aura lieu le vendredi 25 mai", a tweeté mercredi le ministre irlandais de la Santé, Simon Harris, engagé en faveur d'une libéralisation de la loi. "Le peuple aura son mot à dire".
L'organisation du référendum a été approuvée par les deux chambres du Parlement irlandais, qui ont voté une loi en ce sens. Le Sénat irlandais a adopté mercredi le texte de loi par 40 voix contre 10.
Le vote aura lieu trois mois avant la visite du pape François en Irlande à l'occasion de la Rencontre mondiale des familles, les 25 et 26 août 2018 à Dublin.
Les Irlandais devront se prononcer sur l'abrogation du 8e amendement. En cas de majorité, il reviendra au gouvernement d'élaborer un nouveau projet de loi, qui devrait autoriser l'avortement dans les douze premières semaines de grossesse.
Le ministre des Collectivités locales, Eoghan Murphy, a encouragé ses concitoyens à s'inscrire sur les listes électorales, une démarche possible jusqu'au 8 mai. L'Abortion Rights Campaign (Campagne pour le droit à l'avortement) a lancé un appel aux Irlandais installés à l'étranger pour qu'ils participent aussi au vote.
L'ONG Amnesty Internationale a salué sur Twitter l'annonce du référendum, estimant qu'il s'agissait d'une "opportunité unique pour l'Irlande de mettre en place des lois qui respectent les droits de l'homme, des femmes et des filles".
L'organisation d'un référendum était une promesse du Premier ministre Leo Varadkar, arrivé au pouvoir en juin 2017, qui avait jugé la loi "trop restrictive". Médecin de formation, il avait annoncé qu'il ferait campagne en faveur de la libéralisation de la loi.
En janvier, il avait affirmé publiquement que la Constitution n'avait pas vocation à "établir des affirmations définitives sur des sujets médicaux, moraux et légaux".
L'avortement a toujours été illégal en Irlande, mais son interdiction n'a été insérée dans la constitution qu'en 1983, après avoir recueilli 67% des suffrages lors d'un référendum.
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Le huitième amendement garantit "le droit à la vie" de l'embryon, en tenant compte du "droit égal à la vie de la mère".
L'exception à cette interdiction - le risque mortel pour la mère - a été ajoutée en 2013, peu après la mort d'une femme enceinte, des suites d'une grossesse à problèmes que ses médecins avaient refusé d'interrompre, et qui avait scandalisé l'opinion.
Néanmoins, le viol, l'inceste ou la malformation du foetus ne sont pas des raisons légales d'avorter, et une telle intervention constitue un crime passible d'une peine de 14 ans de prison.
Des milliers d'Irlandaises se rendent chaque année à l'étranger, principalement au Royaume-Uni, pour avorter.
Signe de l'évolution des moeurs dans ce pays de tradition catholique, en 2015, les Irlandais avaient voté très largement en faveur d'une légalisation du mariage homosexuel.
Le gouvernement a également annoncé la tenue d'autres référendums en 2018 et 2019. Un vote sur l'interdiction du blasphème, établie par l'article 40.6.1 de la constitution, est prévu en octobre 2018.
Un autre référendum pourrait avoir lieu en même temps, pour décider du sort de l'article 41.2.1, qui stipule que la place de la femme est au foyer.
Avec AFP