Un jihadiste malien remis à la CPI pour des crimes de guerre

la Cour pénale internationale (CPI), La Haye, Pays-Bas, 31 mars 2011.

Un jihadiste malien accusé de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre a été remis samedi à la Cour pénale internationale, où il devra répondre d'atrocités commises à Tombouctou en 2012 et 2013.

Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud est accusé d'avoir participé à la destruction de mausolées dans la ville malienne et d’être responsable de viol et d'esclavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés.

"Il aurait participé à la politique de mariages forcés dont des tombouctiennes ont été victimes, qui ont donné lieu à des viols répétés et à la réduction de femmes et de jeunes filles à l’état d’esclaves sexuelles", a indiqué la CPI dans un communiqué.

Des accusations de torture pèsent également contre le jihadiste, qui a été remis à la CPI par les autorités maliennes et transféré au centre pénitentiaire de la Cour, à La Haye.

M. Al Hassan, 40 ans et de nationalité malienne, aurait été membre d’Ansar Eddine et commissaire de la Police islamique à Tombouctou.

"Les charges qui pèsent contre lui sont représentatives de la criminalité et des persécutions subies par la population", a déclaré dans un communiqué Fatou Bensouda, procureur de la CPI.

Un précédent historique

La date de l'apparition de M. Al Hassan devant les juges de la CPI n'a pas encore été communiquée. Le jour venu, il deviendra le deuxième jihadiste islamique à être jugée par la Cour internationale.

Lors d'un verdict historique, la CPI avait condamné en 2016 un premier jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, à neuf ans de prison pour avoir également pris part à la démolition des mausolées protégés à Tombouctou en 2012.

La décision sans précédent de l'unique tribunal permanent jugeant des crimes de guerre au monde avait été perçue comme un avertissement: la destruction du patrimoine de l'humanité ne restera pas impunie.

Ahmad al-Faqi al-Mahdi avait été jugé coupable d'avoir dirigé des attaques contre le site du patrimoine mondial de l'UNESCO lors de la prise de pouvoir jihadiste du nord du Mali en 2012.

Fondée entre le cinquième et le douzième siècle par les tribus touaregs, Tombouctou a été surnommée "la ville des 333 saints" pour le nombre de sages musulmans qui y sont enterrés.

Sous ses intructions, les assaillants ont lancé des bulldozers et asséné des coups de pioche contre les sanctuaires vieux de plusieurs siècles.

Après la condamnation de Al Mahdi, premier jihadiste à être assis sur le banc des accusés de la CPI, créé en 2002 pour juger les pires crimes perpétrés dans le monde, l'arrestation d'un jihadiste malien marque une nouvelle étape.

"L’arrestation de M. Al Hassan et son transfèrement à la CPI envoient un message fort à tous ceux qui, où qu’ils se trouvent, commettent des crimes qui heurtent la conscience humaine", a affirmé Fatou Bensouda.

"J’espère qu’elle signifie au Mali notre détermination et notre résolution à agir comme il se doit et à faire tout ce que nous pouvons pour répondre aux souffrances indicibles infligées à la population malienne", a-t-elle ajoutée.

Avec AFP