Le bassin du lac Tchad, enjeu du sommet UE-Afrique à La Vallette et de la COP 21

Village de Ngouboua, sur le lac Tchad, attaqué par Boko Haram, fév. 2015. (REUTERS/Madjiasra Nako)

Touché par la pauvreté, la sécheresse et les violences, le bassin du lac Tchad est un des enjeux du sommet UE-Afrique sur les migrations à La Valette, cette semaine, et de la COP 21 à Paris fin novembre.

Le bassin du lac Tchad, région du Sahel touchée par la pauvreté, la sécheresse et les violences, pourrait devenir une contrée d'exode massif de migrants si la communauté internationale échouait lors de deux sommets cruciaux à venir sur l'immigration et le climat, met en garde l'ONU.

Le sommet UE-Afrique à La Vallette cette semaine et la conférence internationale sur le climat de Paris fin novembre doivent déboucher sur une action résolue en faveur des quatre pays riverains du lac Tchad - Cameroun, Nigeria, Niger, Tchad - confrontés aux exactions du groupe islamiste nigérian Boko Haram, a estimé Toby Lanzer, le coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Sahel, dans un entretien avec l'AFP.

"Tous ces sujets, les demandeurs d'asile, la crise des réfugiés, la crise environnementale, l'instabilité créée par les extrémistes convergent dans le bassin du lac Tchad", a-t-il prévenu. "Il y a là des motifs irréfutables pour que la communauté internationale intensifie ses efforts et en fasse plus."

Le lac Tchad divisé par dix en 50 ans

Le conflit avec les insurgés islamistes de Boko Haram a déjà déplacé 2,5 millions de personnes dans la région du lac Tchad, une réserve d'eau douce dont la taille a été divisée par dix en 50 ans, selon certaines études.

Sa disparition sous l'effet du réchauffement climatique, une hypothèse prise très au sérieux, pourrait priver des millions de personnes de l'eau nécessaire pour survivre grâce à la pêche, l'agriculture, l'élevage et le commerce, dans une région où la natalité est très élevée.

Dans le Sahel, la population devrait augmenter de 150 millions de personnes dans les trois décennies à venir, a souligné M. Lanzer. Au Niger, classé dernier dans l'indice de développement humain de l'ONU, une femme a en moyenne sept enfants.

Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont déjà promis d'aider, y compris militairement, les quatre pays du lac Tchad et le Bénin pour faire face aux violences meurtrières de Boko Haram.

Catastrophe en vue

Mais il est essentiel d'offrir des perspectives économiques, des emplois à la jeunesse de la région, tentée par les activités florissantes que sont le trafic de drogue, d'armes et d'êtres humains, ou de rejoindre les rangs de groupes violents, a plaidé M. Lanzer.

"Tout les ingrédients sont là pour qu'on aille tout droit à la catastrophe", a-t-il mis en garde. "Dans un monde où les crises semblent se multiplier et croître toujours plus, il faut intervenir avant que cela ne devienne trop grave".

Quelque 180 000 migrants africains sont déjà arrivés cette année en Europe, a souligné le coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Sahel, soit autant que l'ensemble des migrants, toutes origines confondues, ayant rallié le continent européen en 2014.

Mercredi et jeudi, une soixantaine de dirigeants africains et européens, dont de nombreux chefs d'Etat, doivent se réunir dans la capitale maltaise pour s'attaquer "aux causes profondes" qui poussent tant d'Africains à ne concevoir un avenir qu'en Europe.

La Commission européenne a mis sur pied un fonds qu'elle promet de doter d'1,8 milliard d'euros pour des projets créateurs d'emplois, de lutte contre les effets du réchauffement et de développement rural, exhortant les Etats membres de l'Union européenne à doubler la mise.

L'UE espère aussi faire pression sur les pays africains pour qu'ils coopèrent davantage aux retours forcés de leurs ressortissants expulsés.

Avec AFP