Bernie Sanders en vedette d'un début de convention démocrate bousculé à Philadelphie

Le sénateur du Vermont Bernie Sanders accompagné par la candidate Hillary Clinton à Portsmouth, New Hampshire, 12 juillet 2016.

La planète démocrate devait se réunir à partir de lundi pour adouber Hillary Clinton comme candidate à l'élection présidentielle. Mais la révélation de messages de responsables critiquant Bernie Sanders a bouleversé la méticuleuse organisation, poussant la présidente du parti à la démission.

Bernie Sanders, perdant des primaires, s'exprimera en symbole d'unité au premier jour de cette convention qui durera jusqu'à jeudi à Philadelphie, sur la côte atlantique. Il le répète: son but est de faire élire Hillary Clinton en novembre pour éviter que Donald Trump ne devienne le 45e président des Etats-Unis.

Mais un scandale a éclaté ce week-end après la publication par le site Wikileaks de près de 20.000 messages échangés de janvier 2015 à mai 2016 et piratés des comptes de sept responsables du Parti démocrate, dont son directeur de la communication et son directeur financier.

Aucun complot contre Bernie Sanders n'y est révélé, mais le ton employé dans certains courriels montre le mépris ou la méfiance de ces responsables envers le sénateur indépendant du Vermont, alors que depuis le début du processus des primaires, celui-ci s'était plaint de la partialité du parti en faveur de sa rivale, Hillary Clinton, notamment dans l'organisation des débats télévisés.

Dans un message, la présidente du parti, Debbie Wasserman Schultz, traite un proche de Bernie Sanders de "maudit menteur".

Déjà sur la sellette, elle n'a pas résisté à la controverse et annoncé dimanche sa démission à compter de la fin de la convention, poussée dehors au nom de la paix au sein du parti. Elle s'exprimera toutefois à la tribune à l'ouverture des travaux à 20H30 GMT, faisant craindre des huées de délégués de Bernie Sanders.

Le sénateur a salué son départ et admonesté les ténors démocrates: "Les dirigeants du parti doivent toujours rester impartiaux dans le processus des primaires présidentielles, ce qui ne s'est pas produit en 2016", a-t-il déclaré.

Le sénateur semblait satisfait de ce dénouement et profitera de la tribune de la convention pour continuer à propager son appel aux jeunes à s'impliquer en politique pour poursuivre la "révolution" amorcée avec sa candidature.

Moscou pointé du doigt

L'entourage d'Hillary Clinton s'est publiquement étonné que ces messages soient publiés quelques jours seulement avant la convention, rappelant que des groupes liés aux autorités russes avaient été pointés du doigt pour le grave piratage du Parti démocrate, révélé le 14 juin.

Robby Mook, directeur de campagne d'Hillary Clinton, s'est dit "troublé" que des "experts estiment que les Russes diffusent ces courriels dans le but d'aider Donald Trump", sous-entendant que Moscou essayait d'influencer les élections américaines.

Il a fait le lien avec la déclaration de Donald Trump sur l'Otan, la semaine dernière, lorsqu'il a dit que sous sa présidence, les Etats-Unis n'interviendraient pas automatiquement pour protéger les Etats baltes en cas d'agression.

"Tout cela mis bout à bout est troublant", a dit Robby Mook à CNN.

Une accusation dénoncée par le directeur de la campagne de Donald Trump, Paul Manafort.

Le candidat républicain à la Maison Blanche, dont la propre convention d'investiture la semaine dernière fut marquée par les incidents et les polémiques, a ironisé toute la journée de dimanche à propos du scandale démocrate sur Twitter.

"Si la convention républicaine avait explosé avec des courriels, avec la démission du chef et les critiques d'un poids lourd (Bernie), les médias seraient déchaînés", a-t-il dit.

La polémique pourrait continuer dans les prochains jours, risquant d'assombrir l'investiture d'Hillary Clinton, qui prononcera son grand discours le dernier soir, jeudi.

La présidente par intérim du Parti démocrate, Donna Brazile, a prévenu que des milliers d'autres messages seraient vraisemblablement publiés prochainement, car les hackers ont récupéré l'ensemble des messages du parti.

"Il y a beaucoup de choses qui vont nous forcer à présenter des excuses", a-t-elle admis dimanche.

Dans les rues de Philadelphie, des centaines de partisans de Bernie Sanders ont défié la chaleur étouffante pour défiler dimanche, furieux des révélations de Wikileaks.

"Cela prouve ce qu'on soupçonnait depuis le départ: ces primaires ont été truquées contre Bernie", dit une déléguée de Californie pro-Sanders, Lauren Steiner.

Avec AFP