"Biens mal acquis": le parti au pouvoir en Guinée équatoriale dénonce une décision "discriminatoire"

Affiche électorale du Parti démocratique du Guinée équatoriale (PDGE), dans une rue déserte de Malabo, le 25 avril 2016.

Le parti au pouvoir en Guinée équatoriale a dénoncé jeudi une décision "partiale et discriminatoire" au lendemain de la condamnation définitive par la justice française du vice-président dans un volet de l'affaire des "biens mal acquis".

La justice française a rejeté mercredi le pourvoi en cassation de Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin, 52 ans, fils du président Teodoro Obiang Nguema, qui dirige d'une main de fer depuis 42 ans ce pays d'Afrique centrale.

Sa condamnation par la cour d'appel de Paris en février 2020 à trois ans de prison avec sursis, 30 millions d'euros d'amende et la confiscation de tous ses biens saisis pour "blanchiment d'abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics et d'abus de confiance" entre 1997 et 2011, est donc définitive.

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Le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), qui domine largement la vie politique du pays, s'est indigné dans un communiqué d'une décision "partiale et discriminatoire" cherchant à "humilier le peuple de Guinée équatoriale".

Le parti s'est offusqué "d'une farce judiciaire" s'apparentant à "un plan néocolonial préconçu au millimètre par la République française dans un désir nostalgique inextinguible de continuer à torturer et spolier les peuples africains".

La veille, l'avocat de M. Obiang avait annoncé qu'il allait saisir la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).

L'ONG Transparency international, partie civile dans cette affaire, s'était pour sa part félicitée "d'une immense victoire".

"Par cette décision, la justice française confirme que la France n'est plus une terre d'accueil pour l'argent détourné par de hauts dirigeants étrangers et leur entourage", avait déclaré Patrick Lefas, président de l'ONG en France.

Et la Guinée équatoriale - 1,4 million d'habitants - devient le premier pays à bénéficier du nouveau mécanisme de restitution des avoirs frauduleusement acquis par des dirigeants étrangers, adopté par le Parlement français la semaine dernière.

Ce sont quelque 150 millions d'euros - la valeur des sommes blanchies en France par M. Obiang selon la justice - qui vont donc être restitués par le biais notamment de programmes de développement à ce pays pétrolier d'Afrique centrale où la majorité des habitants vit dans la pauvreté.

Depuis mercredi après-midi, six militaires français sont retenus à l'aéroport de Bata, la capitale économique de Guinée équatoriale, accusés par les autorités d'avoir posé leur hélicoptère sans autorisation.