Birmanie: les deux journalistes de Reuters condamnés de nouveau en appel

Pan Ei Mon, épouse du journaliste Wa Lone, parle à la presse. A gauche, Chit Su Win, femme de Kyaw Soe Oo, à la Haute Cour de Justice de Rangoun, Birmanie, le 24 décembre 2018

Deux reporters birmans de Reuters accusés d'"atteinte aux secrets d'Etat" pour avoir enquêté sur un massacre de musulmans rohingyas par l'armée en Birmanie ont été condamnés vendredi de nouveau en appel à sept ans de prison.

"Le verdict qui a été rendu en première instance n'était pas erroné et était conforme aux lois en vigueur", a déclaré le juge Aung Naing de la Haute Cour de Justice de la région de Rangoun.

"Nous avons donc décidé de rejeter leur appel", a-t-il ajouté devant une salle d'audience pleine à craquer de journalistes et de diplomates.

La défense des deux reporters peut désormais se pourvoir devant la Cour suprême.

Wa Lone, 32 ans, et Kyaw Soe Oo, 28 ans, ont été de nouveau reconnus coupables d'avoir enfreint la loi sur les secrets d'Etat, qui date de l'ère coloniale.

Les deux reporters sont accusés de s'être procurés des documents relatifs aux opérations des forces de sécurité birmanes dans l'Etat Rakhine, région du nord-ouest de la Birmanie, théâtre des exactions à l'encontre de la minorité musulmane rohingya.

Au moment de leur arrestation, en décembre 2017, ils enquêtaient sur un massacre de Rohingyas à Inn Din, un village du nord de l'Etat Rakhine.

Depuis, l'armée a reconnu qu'un massacre avait bien eu lieu en septembre 2017 et sept militaires ont été condamnés à dix ans de prison.

Ce deuxième jugement pourrait encore accentuer les tensions déjà vives entre la communauté internationale et la Birmanie, où les militaires, au pouvoir pendant des décennies, continuent de tirer de nombreuses ficelles malgré l'arrivée au pouvoir en 2016 du gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi.

Cette affaire connaît un fort retentissement à travers le monde, les organisations de défense de la liberté de la presse, les Nations unies et de nombreux pays occidentaux réclamant depuis des mois l'acquittement des journalistes et dénonçant "une parodie de justice".

Avec AFP