Le chef d'état-major, le général Biague Na Ntam, a présenté à la presse au siège de l'état-major à Bissau des dizaines de fusils, quelques lance-roquettes et du matériel de communication. Ils ont été pris essentiellement selon lui sur des membres de la Garde nationale lors des affrontements entre cette dernière et l'armée la semaine passée et lors d'opérations de ratissage les jours suivants.
Lire aussi : Le président de Guinée-Bissau dissout le ParlementLa Garde nationale, relevant du ministère de l'Intérieur, et l'armée se sont livrés des combats qui ont fait au moins deux morts dans la capitale.
Le président Umaro Sissoco Embalo a parlé de tentative de coup d'Etat. Il a annoncé dans la foulée la dissolution du Parlement, accentuant la crise politique dans ce petit pays pauvre en proie à une instabilité chronique. Il a dit que de nouvelles élections seraient organisées, à une date non-précisée.
Le Parlement et le gouvernement qui en est l'émanation, y compris donc le ministère de l'Intérieur, étaient dominés par les adversaires politiques du président. Domingos Simoes Pereira, président du Parlement et adversaire de longue date de M. Embalo, a réitéré son opposition à la dissolution.
"Malgré la tentative de coup d'Etat, il ne peut être question de dissolution de l'Assemblée (nationale). Notre Constitution est claire. Le Parlement ne peut être dissous dans les douze mois suivant son élection", a déclaré M. Pereira à l'issue d'une réunion de la coalition menée par sa formation, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), majoritaire à l'Assemblée nationale.
Les électeurs ont déjà voté il y a six mois, en juin 2023, après que M. Embalo, président depuis 2020, eut dissous une première fois le Parlement, "espace de guérilla politique et de complot", selon ses mots. "Pour nous, la dissolution n'existe pas", a dit M. Pereira au siège à Bissau du PAIGC, le parti qui a mené la lutte de libération de la Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise.
M. Pereira a rapporté que des forces de sécurité avaient été déployées à l'Assemblée nationale. Il va "convoquer les députés pour qu'ils constatent eux-mêmes qu'ils sont empêchés d'accéder à l'Assemblée nationale, ce qui signifie que c'est un coup d'Etat constitutionnel" qui a eu lieu, a-t-il dit.
En même temps qu'il prononçait la dissolution du Parlement, M. Embalo a maintenu dans ses fonctions le Premier ministre, mais a récupéré les portefeuilles de l'Intérieur et de la Défense. Le chef de l'armée, restée fidèle au président, a indiqué mercredi que la Garde nationale passait désormais sous le contrôle des militaires.