Bissau: le président Embalo en quête de légitimité

Umaro Sissoco Embalo à Bissau le 27 novembre 2020.

Le président auto-proclamé de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, effectue une tournée en Afrique de l'Ouest pour asseoir sa légitimité malgré la contestation persistante autour du résultat de la présidentielle dans ce pays à l'histoire tumultueuse.

M. Embalo est arrivé mercredi à Niamey pour une visite destinée à "raffermir les liens de fraternité et de coopération entre le Niger et la Guinée-Bissau", indique-t-il, vidéo à l'appui, sur Twitter.

Il devait s'entretenir avec le chef de l'Etat nigérien Mahamadou Issoufou, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 Etats), médiatrice historique dans les crises qui secouent l'ancienne colonie portugaise.

M. Embalo a commencé son voyage mardi par Dakar, où il a été reçu avec les honneurs par le président sénégalais Macky Sall, un allié de longue date. Il achèvera sa tournée jeudi et vendredi au Nigeria, où se trouve le siège de la Cédéao.

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Issu de l'opposition, M. Embalo, ex-Premier ministre, a été déclaré vainqueur du second tour de la présidentielle du 29 décembre à plusieurs reprises par la Commission nationale des élections (CNE) face à Domingos Simoes Pereira, candidat du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), qui domine l'Assemblée nationale.

Plus de deux mois après, l'issue du scrutin reste sujette à controverse et la communauté internationale, à commencer par les pays africains, se divise sur le parti à prendre.

M. Embalo s'est fait investir président le 27 février, s'est installé au Palais présidentiel et a nommé un gouvernement, dirigé par son allié Nuno Gomes Nabiam, après avoir limogé le Premier ministre Aristides Gomes (PAIGC).

Il n'a pas attendu que la Cour suprême se prononce sur les recours introduits par Domingos Simoes Pereira, qui dénonce des fraudes et demande un recomptage des bulletins.

Le PAIGC, qui domine la vie politique depuis l'indépendance en 1974, a investi un président intérimaire, le président de l'Assemblée nationale Cipriano Cassama, mais celui-ci a renoncé, disant craindre pour sa sécurité.

Le parti considère comme seul chef de gouvernement légitime M. Gomes, qui a exprimé ses doléances lundi dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

La Cédéao avait félicité M. Embalo dès janvier. Mais, devant l'enlisement et le risque d'une intervention de l'armée, l'organisation ouest-africaine s'était décidée à envoyer cette semaine à Bissau des experts juristes pour tenter de rapprocher les points de vue de la CNE et de la Cour suprême.

Cette mission a été annulée après un fin de non-recevoir du camp de M. Embalo, qui a dénoncé une tentative d'ingérence, mettant notamment en cause la Côte d'Ivoire.

La ministre des Affaires étrangères de M. Embalo, Suzy Carla Barbosa, a laissé entendre qu'il n'y avait rien à attendre de la Cour suprême, qu'elle a qualifiée de "très corrompue".