Avant l'Angola, M. Blinken s'est rendu au Cap-Vert, en Côte d'Ivoire et au Nigeria dans une opération visant à rappeler l'intérêt des Etats-Unis pour le continent africain, où la Chine et la Russie gagnent du terrain, et alors que Washington a l’œil rivé sur le conflit entre Israël et le Hamas.
Dans la capitale Luanda, le secrétaire d'Etat a visité le chantier du "couloir Lobito", plus ambitieux projet américain d'infrastructure sur ce continent où la Chine, en quête de ressources naturelles, multiplie les projets de constructions. Ce couloir vise à relier la Zambie, pays enclavé que Washington considère comme une réussite démocratique, et la République démocratique du Congo, riche en ressources mais sous-développée, au port de Lobito en Angola.
Les États-Unis se sont engagés à financer 1.300 km de voies ferrées, travaillant avec des créanciers multinationaux pour étendre le projet jusqu'à la Tanzanie, et relier l'Atlantique à l'océan Indien. Cette voie permettra le transports de ressources naturelles comme le cuivre et le cobalt, composants essentiels des smartphones. M. Blinken s'est également rendu au musée des sciences de la capitale angolaise, où il a fait la promotion d'une autre initiative américaine, visant à fournir aux pays en développement des semences résistantes, dont certaines génétiquement modifiées.
Lire aussi : Anthony Blinken appelle à accentuer les efforts diplomatiques pour l'est de la RDCDeux jours plus tôt, il avait visité un projet de riziculture en Côte d'Ivoire, affirmant que les semences africaines traditionnelles "incroyablement nutritives peuvent désormais être rendues encore plus résistantes aux ravages du changement climatique". "L'Afrique se nourrira un jour elle-même et nourrira probablement d'autres parties du monde", avait-il assuré.
Médiateur "essentiel"
Le président américain Joe Biden, qui s'est engagé à faire de l'Afrique une priorité, a failli à sa promesse de se rendre sur le continent l'an dernier. Son secrétaire d'Etat a invoqué devant la presse à Luanda un agenda présidentiel serré, en raison notamment des élections américaines prévues à la fin de l'année.
Au cours de la journée de jeudi, M. Blinken s'est entretenu longuement avec le président angolais Joao Lourenço, en visite à la Maison blanche deux mois auparavant. Le secrétaire d'Etat a évoqué des questions de politique nationale, disant avoir souligné l'importance d'organiser des élections locales, inexistantes en Angola et réclamées par l'opposition.
Lire aussi : Depuis le Nigeria, Blinken plaide pour la relance de la lutte contre le VIHIl a également appelé à une plus grande ouverture envers les médias indépendants et s'est félicité de la création d'une deuxième école de journalisme dans le pays, une "trajectoire importante et positive". De nombreuses voies en Afrique ont exprimé un malaise face à l'envoi par l'Occident de milliards de dollars d'armements à l'Ukraine pour se défendre contre l'invasion russe, craignant que ce financement prenne le pas sur celui du développement.
L'Angola entretient des relations historiques avec Moscou mais le ministre des Affaires étrangères Tete Antonio, lors d'une visite l'année dernière de son homologue russe, lui avait fait part de ses inquiétudes quant à une escalade mondiale des conflits. "Un vieil adage dit que le meilleur ami est celui qui dit la vérité", a déclaré M. Antonio au côté de M. Blinken après une entrevue jeudi.
Le secrétaire d'Etat américain a par ailleurs présenté le président angolais comme un médiateur "essentiel" dans les efforts pour faire avancer la paix dans l'est de la République démocratique du Congo, déchiré par les conflits depuis plus de 30 ans. Affirmant avoir discuté de "moyens concrets pour que le processus avance", M. Blinken a appelé à encore accentuer les efforts diplomatiques pour pacifier cette région.