M. Boko, 54 ans, a été investi devant plusieurs milliers de personnes dans le stade national de la capitale Gaborone lors d'une cérémonie à laquelle ont assisté les présidents de plusieurs autres pays de la région dont Madagascar, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe.
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"Je me tiens devant vous aujourd'hui, incarnation vivante de votre profonde et véritable détermination. Ensemble, nous inaugurons une nouvelle ère politique", a déclaré à la foule l'avocat spécialiste des droits de l'homme, parvenu au pouvoir après plusieurs décennies dans l'opposition. Face aux sifflets qui ont visé le président sortant Mokgweetsi Masisi, également présent, son successeur a loué sa "stature d'homme d'Etat" et interpelé le stade: "S'il vous plaît, montrez-lui un peu d'amour".
Après le vote, Mokgweetsi Masisi avait rapidement reconnu sa défaite et assuré qu'il allait "faciliter la transition". "Le Botswana a donné l'exemple d'une véritable démocratie à l'œuvre pour que le monde entier puisse la voir et l'imiter", a vanté le nouveau chef de l'Etat, ajoutant: "Pour cet acte singulier, l'ancien président restera inscrit en bonne place dans nos cœurs".
Duma Boko, vêtu d'une chemise bleue et d'une cravate noire – les couleurs du drapeau du Botswana – avait avant de prêter serment fait le tour du stade dans un véhicule, flanqué de chevaux blancs au galop, saluant la foule qui l'acclamait. Sa coalition de gauche, l'Umbrella for Democratic Change (UDC), a remporté la majorité absolue avec 36 sièges au parlement lors du scrutin du 30 octobre, contre quatre pour le Botswana Democratic Party (BDP). Une spectaculaire déroute pour le BDP, qui dirigeait ce pays riche en diamants depuis son indépendance de la Grande-Bretagne en 1966.
"Ce que nous voulons, c'est le changement"
"La présence de Botswanais de tous horizons montre à quel point nous sommes unis et engagés dans la construction de la nation", a déclaré Wabuya Keobonye, 88 ans, un chauffeur de taxi qui a assisté à la cérémonie. Dans ce pays aride et peuplé de 2,6 millions d'habitants, les électeurs ont au moment du scrutin pour beaucoup exprimé leurs inquiétudes face au chômage élevé et à la situation économique morose. L'économie du pays repose principalement sur le diamant, mais celui-ci est de plus en plus concurrencé par des pierres de synthèse.
Selon un rapport d'une la mission d'observation de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), la participation aux élections a été de 80% des plus d'un million d'inscrits, parmi lesquels 34% de jeunes. "Les jeunes sont les dirigeants d'aujourd'hui, pas de demain, et nous l'avons démontré en participant au vote", a déclaré Ipotseng Negroes, 35 ans, un agriculteur qui assistait également à la cérémonie, ajoutant: "Ce que nous voulons, c'est le changement".
Lire aussi : Elections au Botswana: le président reconnaît sa défaitePour le chef de l'opposition zimbabwéenne, Nelson Chamisa, présent à Gaborone et interviewé par la chaîne locale BTV, cette nouvelle page alimente "l'espoir de liberté" pour le continent et son propre pays, où le parti Zanu-PF est au pouvoir depuis l'indépendance en 1980. D'après lui, le Botswana "inaugure une ère de nouveauté, une ère de transformation, une ère de transition véritable".