L'Ordre brésilien des avocats demande lui aussi la destitution de Rousseff

Dilma Roussef, présidente du Brésil, Nations Unies, New-York, 24 septembre 2014.

L'OAB va déposer une nouvelle demande de destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff, pour maquillage présumé des comptes publics, alors qu'une première procédure est déjà étudiée par une commission parlementaire.

"L'impeachment fait partie de notre Constitution comme remède juridique de notre démocratie", a expliqué son président Claudio Lamachia au journal O'Globo, alors qu'une commission interne à l'OAB recommandait en novembre dernier de ne pas soutenir la destitution.

"Notre institution, qui défend et pratique la démocratie, est parvenue à une décision quasi-unanime (26 fédérations sur 27, ndlr) sur une question extrêmement délicate", a-t-il raconté, "une décision absolument technique" et non politique.

L'OAB avait été à l'origine de la seule demande de destitution ayant prospéré dans l'histoire du Brésil, contre Fernando Collor de Mello (1990-1992).

Sa requête se joint aux 11 autres demandes de destitution enregistrées, selon la presse, par le président du Congrès des députés, le centriste Eduardo Cunha, farouche adversaire de Dilma Rousseff.

Une commission spéciale de 65 députés étudie déjà, depuis le 18 mars, une première demande d'impeachment, le vote de deux tiers des députés puis de deux tiers des sénateurs étant nécessaire pour écarter la chef de l'Etat.

L'opposition accuse la présidente d'avoir maquillé les comptes de l'Etat en 2014, pour minimiser l'ampleur des déficits publics et favoriser sa réélection, ainsi qu'en 2015.

L'OAB formule la même accusation, mais Claudio Lamachia cite aussi l'entrée frustrée au gouvernement de l'ex-président Lula, soupçonné de corruption dans le cadre du scandale Petrobras, comme "un fait réel et grave" ayant pesé indirectement dans la décision de l'organisme collégial.

Les accusations du sénateur Delcidio Amaral ont également forgé "la conviction" de l'OAB, selon M. Lamachia.

L'ancien chef du groupe sénatorial du Parti des travailleurs (PT, gauche), qui collabore avec la justice en échange de remise de peine, accuse la présidente d'avoir "hérité et bénéficié directement" du réseau de pots-de-vin tissé autour de Petrobras pour financer ses campagnes électorales en 2010 et 2014.

Le PT, à la tête du Brésil depuis 2003, est secoué par un tourbillon politico-judiciaire autour du scandale Petrobras et de la menace de destitution de Mme Rousseff.

Il s'apprête à affronter une semaine décisive avec, outre le dépôt lundi de cette nouvelle requête d'impeachment, la réunion mardi du parti centriste PDMB, son allié incontournable, qui devrait selon la presse claquer la porte du gouvernement, fragilisant un peu plus sa coalition parlementaire.

Avec AFP