L'Argentin Diego Dzodan avait été conduit mardi au siège de la police fédérale brésilienne de Sao Paulo pour être interrogé dans le cadre d'une enquête sur un trafic de drogue. Il était ensuite resté en détention préventive.
"Avoir décrété cette mesure, extrême, de détention me semble précipité", a déclaré mercredi le juge Ruy Pinheiro du tribunal de l'Etat de Sergipe (nord-est du Brésil) pour justifier sa libération.
Le géant de l'internet s'est immédiatement félicité de la libération de son dirigeant, jugeant de son côté que la mesure avait été "arbitraire".
"Nous sommes heureux que le tribunal du Sergipe ait ordonné de le relâcher. Arrêter une personne qui n'a rien à voir avec l'enquête en cours est une mesure arbitraire et les effets de cette décision sur les personnes et l'innovation au Brésil nous inquiètent", a souligné un porte-parole de Facebook dans un communiqué.
Il ajoute toutefois "être à l'entière disposition des autorités brésiliennes pour répondre à toute question qu'elles pourraient avoir".
M. Dzodan a bénéficié mercredi d'un "habeas corpus" et il va répondre en liberté à son procès ouvert par la justice pour qu'il fournisse les informations sollicitées sur les utilisateurs de Facebook.
Le mandat d'arrêt contre M. Dzodan a été émis par un juge de l'Etat de Sergipe, car le dirigeant de Facebook avait refusé à plusieurs reprises de collaborer à une enquête sur une bande locale de trafiquants qui communiquaient via WhatsApp.
De son côté, l'application de messagerie assure ne disposer d'aucun serveur au Brésil où seraient conservées les conversations.
"WhatsApp ne peut apporter des informations qu'elle ne détient pas. Nous avons coopéré à la limite de notre capacité dans ce cas précis et bien que nous comprenions l'importance du travail pour faire respecter la loi, nous sommes en fort désaccord avec cette décision", avait affirmé mardi un responsable de WhatsApp dans un communiqué.
La première demande du juge pour que Facebook et WhatsApp livrent les conversations remonte à quatre mois. Deux mois plus tard, la justice avait infligé une amende de 50.000 réais (12.500 euros) par jour à l'entreprise américaine pour qu'elle donne accès aux informations demandées.
L'amende s'élevait déjà à 250.000 euros il y a un mois, a indiqué cette semaine à l'AFP la police fédérale du Sergipe, en confirmant que ni Facebook, ni WhatsApp n'avaient encore remis les données sollicitées par le juge.
Cette nouvelle affaire survient alors qu'Apple et le gouvernement américain sont engagés dans un bras de fer ayant de vastes implications sur la manière dont les entreprises technologiques doivent travailler avec les forces de l'ordre.
Le groupe informatique américain refuse de se plier à une injonction judiciaire exigeant qu'il aide les enquêteurs du FBI à accéder au contenu crypté d'un iPhone utilisé par l'un des auteurs de l'attentat de San Bernardino, qui avait fait 14 morts en décembre en Californie.
Avec AFP