L'UE va livrer sa vision des futurs liens commerciaux avec Londres

Le président du Conseil européen Donald Tusk à Londres, le 1er mars 2018.

Le président du Conseil européen Donald Tusk doit livrer mercredi sa vision des relations commerciales entre l'UE et Londres après le Brexit, quelques jours après le premier pas de Theresa May côté britannique.

M. Tusk profitera d'un déplacement à Luxembourg pour présenter devant la presse son "projet de lignes directrices sur le cadre de la future relation" avec le Royaume-Uni, dont la clé de voûte devrait être un accord de libre-échange aux contours encore incertains.

Ce volet crucial des tractations avec Londres n'a pas encore démarré, les discussions s'étant jusqu'ici concentrées sur la préparation du traité scellant le Brexit, avec de lourds dossiers comme la facture du divorce, le sort des expatriés et l'avenir de la frontière irlandaise.

Le texte que présentera mercredi M. Tusk, qui dirige l'instance regroupant les dirigeants des pays de l'UE, devra encore être approuvé par les 27 (sans le Royaume-Uni) lors d'un sommet les 22-23 mars à Bruxelles, avant de devenir la position de l'UE dans les négociations avec Londres.

Après avoir réclamé pendant des mois aux Britanniques de dire clairement ce qu'ils voulaient, le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, a salué vendredi la "clarté" apportée par la Première ministre britannique Theresa May dans un discours prononcé à Londres.

La dirigeante conservatrice y a confirmé sa détermination à quitter le marché unique et l'union douanière. Mais elle a aussi envisagé de continuer à participer à certaines agences européennes, comme celle des médicaments ou celle chargée de la sécurité aérienne.

'Frictions'

Elle a surtout plaidé pour la conclusion d'un accord de libre-échange "le plus large possible" avec l'UE, "couvrant plus de secteurs et avec davantage de coopération que n'importe quel accord de libre-échange dans le monde aujourd'hui".

Mais Donald Tusk l'a plusieurs fois répété, et devrait le rappeler mercredi: "Il ne peut pas y avoir de commerce sans friction en dehors de l'union douanière et du marché unique. Des frictions sont la conséquence inévitable du Brexit, par nature".

Le Parlement européen --qui ne participe pas aux négociations du Brexit mais qui dispose d'un droit de veto sur tout accord avec Londres-- doit aussi faire part de ses "lignes rouges" sur le sujet, dans un projet de texte qui sera présenté mercredi en fin d'après-midi à Bruxelles.

Des pays comme la France ont déjà mis Londres en garde, notamment sur l'accès au marché européen que pourra espérer la City après le Brexit.

"Les services financiers ne peuvent être inclus dans un accord de libre-échange pour de nombreuses raisons, liées à la stabilité et aux questions de supervision", a déclaré mardi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, évaluant à "plusieurs milliers" les emplois qui seraient délocalisés du Royaume-Uni vers la France à cause du Brexit.

Michel Barnier, dans un discours prononcé en décembre, avait lui aussi déjà douché tout excès d'optimisme: les "lignes rouges" britanniques ne permettront pas de négocier sur le plan commercial autre chose qu'un accord "sur le modèle de ce que nous avons négocié ou signé avec le Canada, la Corée du Sud et plus récemment le Japon".

'Déclaration politique'

Quoi qu'il en soit, un accord de libre-échange avec Londres ne pourra pas être conclu d'ici la date programmée du Brexit, fin mars 2019 --d'où la nécessité d'une période de transition.

En attendant, les 27 espèrent aboutir d'ici l'automne à la rédaction d'une "déclaration politique" fixant le cadre de ces futures relations, et qui accompagnerait l'accord de retrait, dont la négociation est loin d'être bouclée.

Theresa May a en effet rejeté la première version de ce traité, préparée par l'UE et dévoilée la semaine dernière, en raison de mesures "inacceptables" selon elle concernant la frontière entre la province britannique d'Irlande du Nord et l'Irlande.

Pour éviter le retour d'une frontière physique entre ces deux entités, l'UE a en effet prévu la possibilité d'établir, faute de mieux, "un espace règlementaire commun" incluant l'UE et l'Irlande du Nord, "sans frontières intérieures".

"Aucun Premier ministre britannique n'acceptera" un tel scénario, a prévenu Mme May, craignant qu'une frontière n'apparaisse entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni.

Avec AFP