Buhari aux abonnés absents deux ans après son arrivée au pouvoir

Le président nigérian Muhammadu Buhari, 13 janvier 2017.

Deux ans jour pour jour après une arrivée au pouvoir qui avait suscité beaucoup d'espoirs, le président Muhammadu Buhari brille par son absence à la tête du Nigeria et le pays le plus peuplé d'Afrique est sans nouvelles de son dirigeant parti à Londres pour un nouveau congé maladie.

A l'occasion du "jour de la démocratie" lundi, le vice-président Yemi Osinbajo, a prononcé un discours sur l'anniversaire de leur investiture commune, le 29 mai 2015, après la première victoire dans les urnes d'un opposant contre un président sortant de l'histoire du Nigeria.

Mais leur engagement de venir à bout de l'insurrection des islamistes de Boko Haram et d'une corruption endémique a été ternie par la récession économique, liée à la chute des prix du pétrole et par la brusque détérioration de l'état de santé du président Buhari, âgé de 74 ans.

L'ancien général a d'abord passé près de deux mois à Londres en janvier-février pour y être soigné d'une maladie qui n'a jamais été dévoilée avant de repartir pour la capitale britannique il y a trois semaines, le 7 mai, pour raisons médicales.

Le président Buhari devait participer au G7 le week-end dernier en Italie mais il y a été représenté par M. Osinbajo.

Et à l'occasion de ce "jour de la démocratie" qui marque au Nigeria le rétablissement du pouvoir civil en 1999 après une longue période de régime militaire, des Nigérians s'attendaient à un éventuel message enregistré du président Buhari.

Mais dans son discours, le vice-président Osinbajo s'est contenté de transmettre "les bons voeux du président Muhammadu Buhari, qui comme nous le savons tous, se trouve hors du pays en congé médical".

Il a également demandé à la population de "continuer à prier pour que notre président retrouve force et santé et effectue un bon retour" au Nigeria.

Les interrogations sur la santé de M. Buhari et sa capacité à remplir ses fonctions ont progressivement pris le pas sur le reste du calendrier politique, particulièrement au cours des trois dernières semaines.

La présidence a fait savoir la semaine dernière à la presse qu'elle ne répondrait plus aux questions sur le sujet alors que son entourage assurait, lors du premier séjour du président à Londres, qu'il était "en pleine forme".

- Elections en 2019 -

A son retour en mars à Abuja, M. Buhari avait lui-même reconnu n'avoir "jamais été aussi malade" de sa vie et avoir subi des transfusions de sang.

Depuis, ses apparitions publiques ont été rares. Il a manqué une série de conseils des ministres, de prières du vendredi et même le mariage de son petit-fils.

En dépit d'un transfert officiel du pouvoir au vice-président, comme le prévoit la Constitution, la maladie du président Buhari a entrainé un positionnement précoce pour les élections de 2019 et des discussions sur la succession.

Comme le veut la tradition pour le "jour de la démocratie", M. Osinbajo a dressé un bilan de l'action de l'exécutif, vantant un affaiblissement de Boko Haram dans ses bastions du nord-est et la libération ou la découverte de plus d'une centaine des 219 lycéennes de Chibok, enlevées par les islamistes en 2014.

Le vice-président a également souligné les progrès réalisés dans la sécurisation des installations pétrolières dans le sud, cibles d'attaques de groupes armés en début d'année.

Il a réaffirmé la volonté du gouvernement d'éradiquer la corruption pendant le reste du mandat tout en reconnaissant que l'économie restait "le principal défi", en raison de la baisse des prix du pétrole qui a plongé le Nigeria, un des principaux producteurs d'Afrique, dans la récession depuis août derrnier.

Avec AFP