Buhari rejette un projet de loi imposant des primaires directes au sein des partis politiques

Le président du Nigeria, Muhammadu Buhari.

Le président nigérian Muhammadu Buhari a rejeté un projet de loi qui visait à modifier le code électoral, déclarant que sa promulgation causerait des troubles au sein des partis politiques. La décision du président provoque de vives réactions de la société civile, des leaders d’opinion et au sein de la population.

Le projet de loi comportait des dispositions novatrices pour réduire les fraudes électorales. Il devait permettre notamment la transmission électronique des résultats des élections et imposait des primaires directes au sein des partis politiques. L'idée, selon ses sponsors, est d'éliminer le système de parrainage qui facilite l’imposition des candidats aux partis politiques​.

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Après son adoption par les deux chambres du parlement fédéral, la Constitution accordait au président 30 jours pour signer le projet de loi.

Le président Buhari a envoyé une lettre au parlement pour justifier son refus de ratifier le projet de loi.

Ahmed Lawal, le président du Sénat, a lu la lettre du chef de l'État devant les sénateurs.

"L’organisation des primaires directes dans plus de 8000 circonscriptions électorales du pays sera un problème difficile pour les partis politiques et la supervision de ces élections par la CENI aura un coût élevé. En plus de ces problèmes signalés, organiser des primaires et les superviser posent des défis sécuritaires majeurs", a argumenté le président.

Tollé parmi les élus

Certains sénateurs expriment leur colère. C'est le cas du sénateur Georges Sekibo du Parti démocratique populaire (PDP), principale formation de l'opposition.

"Pourquoi le président dit qu’il ne veut pas des primaires directes? Ce pays n’est pas sa propre compagnie", s'indigne-t-il. "Nous devons opposer notre veto, la section 58 de notre Constitution prévoit cela", ajoute l'élu.

Même le député Elisha Abbo du parti au pouvoir, le Congrès des progressistes (APC), ne cache pas sa déception.

"L’Assemblée nationale, à laquelle j’appartiens, lui a envoyé un projet de loi pour promulgation et j’ai participé à sa rédaction. Ensuite le projet est passé à la première, deuxième et troisième lecture au parlement avant son adoption. Donc je pense que ce n’est pas juste. C’est très injuste", déplore le député.

"Décevant"

Même réaction dans la société civile, où on se dit choqué par cette décision du président Buhari.

Samson Itodo de Yiaga Africa, une ONG locale pour la promotion de la gouvernance démocratique et des droits de l'homme, a exprimé sa déception lors d’un débat sur une chaine de télévision Channels TV.

"Tous ces points avaient été débattus avant d’envoyer le projet de loi au président pour sa signature. En plus c’est un problème de temps, nous sommes dans une période électorale. Nous avions estimé que considérant le contexte actuel, le président l’aurait signé aussitôt. Mais c’est décevant".

Photo 1 : Le Président Nigérian Muhammadu Buhari refuse de signer le nouveau projet de loi électoral modifiant la loi électorale de 2021.

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