Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a annulé la nomination de l'ancien Premier ministre, Isaac Zida, comme ambassadeur à Washington, a annoncé jeudi le gouvernement, sur fond de révélations sur des malversations présumées par les autorités de transition.
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M. Kaboré "met fin aux fonctions d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso auprès des Etats-unis d'Amérique avec résidence à Washington DC de M. Yacouba Isaac Zida", souligne un communiqué du Conseil de ministres, qui s'est déroulé mercredi, précisant que "ce décret abroge (celui) du 22 décembre 2015".
Le 10 mars, le Journal officiel du Burkina a publié un décret datant du 22 décembre 2015, nommant l'ex-chef du gouvernement de la "transition", le général Isaac Zida, au poste d'ambassadeur aux Etats-Unis.
Toutefois, cette nomination n'avait pas été rendue publique.
Isaac Zida, ancien numéro 2 du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde prétorienne du président Blaise Compaoré, s'était emparé du pouvoir le 1er novembre 2014 au lendemain de la chute de M. Compaoré, chassé par la rue après 27 ans de règne pour avoir voulu modifier la Constitution afin de se maintenir au pouvoir à la fin de son mandat.
Suite à la pression des partis politiques et de la communauté internationale, M. Zida avait cédé le pouvoir au bout de trois semaines au président de transition Michel Kafando, un ancien diplomate à la retraite qui l'a aussitôt nommé Premier ministre. Le régime de transition a pris fin après l'élection de M. Kaboré ler 29 novembre 2015.
Mais des révélations sur des détournements ou des enrichissements illicites éclaboussent depuis quelques jours l'ancien gouvernement de transition.
M. Zida, un lieutenant-colonel promu général au terme de la transition, est ainsi accusé par des médias locaux de s'être fait octroyer plusieurs milliers de mètre carrés de terrain dans le quartier chic de Ouaga-2000, dans le sud de la capitale.
L'ensemble du gouvernement de la transition est également accusé de s'être versé des "bonus" salariaux de plusieurs millions de francs CFA.
Le gouvernement de M. Kaboré a fait état la semaine dernière de cas de blanchissement d'argent portant sur 86 milliards de francs CFA (environ 131 millions d'euros) sous le régime de la transition qui a duré treize mois.
Le président Kaboré, un ancien baron du régime Compaoré passé à l'opposition, a fait de la lutte contre la corruption et les infractions économiques l'une des priorités de son gouvernement.