C'est vers 19H45 (locale et GMT) que des tirs nourris et des détonations ont éclaté dans le secteur de l'hôtel Splendid et du café restaurant Cappuccino voisin, deux établissements du centre de Ouagadougou prisés par les Occidentaux, a constaté un journaliste de l'AFP à proximité des lieux.
Une dizaine de voitures brûlaient dans la nuit sur l'avenue Kwame Nkrumah, une des principale artères du centre de la capitale où sont situés les deux établissements.
Les coups de feu semblent avoir été tirés par trois hommes armés et enturbannés, selon ce qu'a pu distinguer ce journaliste de l'AFP. Un témoin a affirmé avoir vu quatre assaillants "enturbannés et de type arabe ou blanc".
Des tireurs se sont retranchés dans l'hôtel, où ils retenaient un nombre inconnu d'otages, selon le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry.
Le directeur du principal hôpital de Ouagadougou a évoqué un premier bilan d'une "vingtaine de morts", un employé du Cappuccino joint par l'AFP indiquant de son côté que l'attaque contre cet établissement a fait "plusieurs morts".
Le quartier était bouclé par les forces de sécurité et vers 23h30 un assaut était en préparation, avec un appui possible des forces étrangères, notamment françaises, présentes au Burkina, selon le ministre.
Des forces spéciales françaises et des militaires américains sont stationnées dans ce pays, engagé dans la lutte anti-jihadiste au Sahel.
L'attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste AQMI, qui l'a attribuée au groupe islamiste Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.
L'ambassade de France a évoqué très rapidement une "attaque terroriste", mettant en place un numéro d'urgence pour la communauté française alors que le vol Air France Paris-Ouagadougou a été dérouté vers le Niger voisin.
Proche de l'aéroport international de Ouagadougou, qui est situé dans la ville, le Splendid, qui compte 147 chambres, est fréquemment utilisé par des Occidentaux et par du personnel des agences onusiennes. Des contrôles de sécurité étaient en place à l'entrée.
Point d'appui
Cette attaque inédite dans la capitale burkinabè constitue un défi pour le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré, récemment élu après une transition souvent chaotique.
Le pays, "point d'appui permanent" de l'opération française Barkhane, a par contre déjà été la cible d'opérations jihadistes.
Une première attaque avait d'ailleurs eu lieu vendredi après-midi dans le nord du pays, près de la frontière malienne, au cours de laquelle un gendarme et un civil ont été tués, a indiqué dans la soirée l'armée burkinabè.
Plusieurs attaques de ce type ont eu lieu ces derniers mois, et en avril dernier, le chef de sécurité roumain de la mine de manganèse de Tambao (nord), a été enlevé, action revendiquée par Al-Mourabitoune.
L'opération de vendredi survient un peu moins de deux mois après celle de l'hôtel Radisson Blu à Bamako. Le 20 novembre, une attaque jihadiste avait fait 20 morts dont 14 étrangers dans la capitale malienne, où des hommes armés avaient retenu en otage pendant plusieurs heures environ 150 clients et employés, avant une intervention des forces maliennes, appuyées par des forces spéciales françaises et américaines et des agents de l'ONU. Deux assaillants avaient été tués.
L'opération de Bamako a été revendiquée par deux groupes jihadistes: le 20 novembre par Al-Mourabitoune et le 22 novembre par le Front de libération du Macina (FLM, mouvement jihadiste malien).
Après ces attaques, les services consulaires français au Burkina avaient étendu la "zone rouge" déconseillée aux voyageurs à une large partie du Burkina sans y faire figurer Ouagadougou. Elles avaient toutefois conseillé des mesures de prudence, des sources sécuritaires évoquant l'hypothèse d'une attaque jihadiste dans la région.
Avec AFP