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Guichets fermés, cars à l‘arrêt, agents et usagers désemparés, voici le constat dans la plupart des gares routières. Les transporteurs observent le mot d’ordre de grève de leur syndicat, l’URCB, dont les membres ne décolèrent pas contre les propos du ministre en charge de la sécurité, après la bastonnade de certains de leurs membres, explique leur président, Ibrahim Rabo.
« Un grand ministre de la sécurité qui envoie des propos à l‘issue de ce que nous avons reçu comme des frappes à Tenkodogo. Voilà pourquoi les chauffeurs se sont remis en colère pour dire que en tant que ministre de la sécurité, ce n’est pas de cette manière qu’il faut gérer deux camps qui ne s’entendent pas ; il faut tout faire pour apaiser, à partir du moment où vous savez que les gendarmes et les policiers ont des armes. Ils ont bastonné les chauffeurs, alors que c’est eux qui ravitaillent le pays ; et après, vous partez encourager ceux qui les ont bastonnés. Ces mêmes gars ont des armes. C’est pourquoi l’Union des Chauffeurs Routiers observe un arrêt de travail, une grève générale sur l’ensemble du territoire. Peut-être que le président du Faso ou le Premier ministre, on pourra les écouter, mais pas encore le ministre de la sécurité. Pour le moment, c’est une grève illimitée.»
A l’issue d’une réunion avec le syndicat, le Premier ministre, qui lui a demandé de reprendre le travail, a pointé l’importance des transporteurs routiers. « Vous savez que les chauffeurs routiers jouent un rôle très important dans l’économie nationale, a dit Paul Kaba Thieba. Cela est lié à la géographie même de notre pays et il est vital pour nous de pouvoir avoir un accès libre en tout temps aux ports qui nous environnent. C’est le travail quotidien de ces travailleurs inlassables et courageux qui permet au Burkina Faso de s’approvisionner. Donc leur rôle est vital pour notre économie nationale. Je les ai reçus, je les ai écoutés. Je pense que vraiment il faut qu’on aille de l’avant. Je voudrais donc leur lancer un appel solennel, à la reprise du travail, à l’arrêt de ce mouvement qui ne fait que faire reculer le Burkina. »
Le syndicat, lui, souhaite avant toute décision consulter sa base. En attendant, les blocus opérés sur les axes routiers et l’arrêt des transports n’est pas sans conséquences. Les voyageurs en ont un goût amer. « Je me suis renseignée, eux mêmes ils ne savent pas c’est quand ils vont reprendre le boulot. Je devais aller à Koudougou et demain je devais composer, mais voici qu’il n’y a pas de cars.» «Peut-être demain on va repasser voir, attendre voir au journal, s’ils ont levé ou pas. » « J’ai un concours à faire demain, donc je dois forcément rentrer, je suis obligée de rouler avec la copine là, pour rentrer à Koudougou, à moto.»
Les responsables des gares observent avec tristesse les voyageurs abattus, ce qui est dommageable, regrette Ismaël Ouédraogo, un chef de gare : « Un sentiment d‘impuissance peut-être, parce que s’il y avait un préavis de grève, on aurait pu communiquer avec nos clients. Nous aussi, nous avons été pris au dépourvu, voilà pourquoi nous disons que nous subissons aussi la grève. Si nous avons cette assurance sécuritaire, il n’y a pas de problème, même ce soir ou demain matin, nous, on démarre. »
La réponse de la base du syndicat des chauffeurs routiers est très attendue, après l’appel du chef du gouvernement. En attendant les voyageurs et autres usagers rongent leur frein dans l’attente d’une levée probable, aujourd’hui peut-être, du mot d’ordre de grève.