"Dans la nuit du 3 au 4 février (…) l’armée régulière est arrivée autour de 23 heures et au même moment les téléphones ont été coupés", allègue Abdourahmane Barry, un habitant du village de Banh joint par VOA Afrique.
Il a expliqué que c’est entre 2hr et 4hr du matin que des membres de l’armée régulière sont arrivés à Banh. Ils sont "passés de porte à porte et tous ceux qui étaient sortis étaient systématiquement abattus sans contrôle d’identité ni demande d’identification", a-t-il ajouté. Selon lui, la même opération a eu lieu dans plusieurs autres villages.
"Quand vous prenez Banh, où il y a eu 14 tués, Tadawal, un autre village, 15 morts, Soummana, 12. Et vous avez Tana où il y a eu 13 tués. Missi, deux. Donc, nous avons au total 57 morts".
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Lundi, dans un communiqué, l’état-major de l’armée burkinabè avait indiqué avoir "neutralisé" 146 djihadistes dans une opération terrestre et aérienne.
"Aucun avion n’a survolé ce territoire", a affirmé Abdourahmane Barry. "Ils ont été bel et bien abattus chez eux, à l’intérieur de leur maison. Ils tapent à la porte, le monsieur sort et une balle dans la tête et c’est terminé. Et je pense que les enquêteurs viendront confirmer ce que je suis en train de vous dire", poursuit-il.
Le gouvernement a rejeté catégoriquement ces allégations. "Notre armée a fait son job. Si jamais il s’avère que dans ce job il y a eu des manquements, il y aura nécessairement un rattrapage", a réagi sur VOA Afrique Remis Dandjinou, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.
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"Je pense qu’on ne peut pas se contenter de témoignages dans une situation où vous avez des populations qui s’opposent les unes aux autres. On ne peut pas se contenter de témoignages et tirer sur la probité et l’intégrité d’une armée".
Le porte-parole du gouvernement a insisté sur le professionnalisme de l’armée burkinabè. "Je rappelle que notre armée est une armée qui respecte les règles d’engagement, qui mesure la force qu’elle utilise. Et c’est une armée aussi qui a une inspection générale qui vérifie les opérations qui sont en cours.
Pour lui, ceux qui se plaignent devraient plutôt saisir la justice.
"Les personnes qui se sentent atteintes, si elles ont des preuves, qu’elles les portent devant la justice burkinabè. Vous savez, c'est l’une des justices en Afrique de l’Ouest qui fonctionne le mieux ", a dit le ministre. Pour le moment il n’y a eu aucune arrestation depuis que des milices armées de l’ethnie Mossi ont tué 49 personnes à Yirgou selon le gouvernement et 210, selon une ONG locale. Les victimes sont toutes des membres de la communauté peul (Fulani).
"Actuellement les gens sont en train de se cacher dans la nature parce qu’ils ne savent pas si les soldats vont revenir", confie Abdourahmane Barry. Selon lui, la communauté peul a déjà réuni les preuves et compte saisir lundi le procureur de Ouahigouya (Nord).
"Nous avons soutenu l’armée, nous avons soutenu les autorités. Voilà pourquoi la zone de Banh a été sécurisée. Cela, depuis plus de 12 mois et la présence du détachement peut confirmer ce que je vous dis".
Les dernières nouvelles fournies par Abdourahmane Barry quelques heures après cet entretien, portent le bilan à au moins 70 morts.