Burkina : la fierté d'avoir sumonté le coup d'Etat, le sort de ses auteurs en suspens

Le président de la transtition Michel Kafando, lors de la cérémonie de reprise des rênes du pouvoir Ouagadougou, Burkina Faso, 23 septembre 2015.

Plusieurs milliers de personnes étaient réunies dans la matinée au stade municipal, à proximité du centre-ville, pour la prière de la "Fête du sacrifice", ou Tabaski en Afrique de l'ouest.

La garde présidentielle, l’unité qui a fait le putsch une semaine plus tot, est restée cantonnée dans leur camp du centre-ville.

Beaucoup de Burkinabè comme le grand imam de Ouagadougou, Sana Aboubacar, ont prié pour la paix "grâce à laquelle nous sommes tous là".

En grande tenue blanche de prière, Adama Sawadogo, la cinquantaine, se déclarait confiant dans l'avenir de son pays: "C'est le peuple qui décide. Il ne voulait pas revenir en arrière. On veut la démocratie. Et maintenant, tout va revenir à la normale si Dieu le veut."

"Quand Blaise Compaoré a pris le pouvoir, j'avais 7 ans. Aujourd'hui, je suis père. Compaoré a dirigé mon père, il m'a dirigé moi, il ne va pas diriger mon fils", déclarait pour sa part Moussa Sawadogo. Le chef des putschistes, le général Gilbert Diendéré, était le bras droit du président Blaise Compaoré, renversé par la rue en octobre 2014.

"Nous sommes confiants. (Les coups d'Etat) sont des pratiques d'un autre temps. Le peuple est jeune mais il a une conscience", ajoute-t-il.

En raison de l'Aïd, le président du régime de transition Michel Kafando, qui a repris les rênes du pouvoir mercredi, a repoussé son premier conseil des ministres post-coup à vendredi matin.

Mercredi après-midi, le président Kafando avait été officiellement réinstallé à la tête du Burkina, sous les ovations, tout comme le Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, son gouvernement et l'Assemblée de transition.

Dans la foulée, le chef des putschistes le général Gilbert Diendéré, après avoir rencontré des chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest venus en médiateurs, a fait un mea culpa aussi surprenant qu'inhabituel, devant des journalistes médusés.

"Le putsch est terminé, on n'en parle plus", déclarait l'ancien bras droit du président Compaoré. "Je n'ai pas peur d'affronter (la justice). Je prends toutes mes responsabilités (...) je ne vais pas nier qu'il y a eu des morts", avait-il ajouté.

- Dissolution du RSP ? -

Le président Kafando a annoncé la reprise des préparatifs des élections, initialement prévues le 11 octobre. La nouvelle date du scrutin n'a pas encore été fixée, le Premier ministre évoquant mercredi un report de plusieurs semaines.

D'ici là, les autorités de transition devront régler des points cruciaux pour consolider la stabilité politique de ce pays sahélien de 17 millions d'habitants.

Le sort de la garde présidentielle, unité d'élite de 1.300 hommes, est clairement posé sur la table. Cette "armée dans l'armée", qui sous l'ancien régime prenait directement ses ordres à la présidence, avait été à l'origine de plusieurs crises pendant la transition.

Avec AFP