"L’axe qui relie cette ville à Dori", le chef-lieu de la région du Sahel où se trouve Sebba, "est coupé et la population se retrouve aujourd’hui dans une situation où elle de plus en plus est isolée", a déclaré le chargé de mission de Médecins sans frontières (MSF) au Burkina, Ulrich Crépin Namfeibona.
Lire aussi : Manifestation à Ouagadougou contre la présence française au FasoSelon lui, "il y a un manque criant de nourriture, les gens se nourrissent avec des feuilles, tous les jours". "Si vraiment rien n’est fait pour donner de quoi se nourrir à cette population, dans les jours à venir, nous pourrions assister à une catastrophe, une crise nutritionnelle qui va frapper beaucoup plus les enfants", a-t-il ajouté.
Quelques 30.000 personnes, dont de nombreux déplacés, vivent actuellement à Sebbba. Interrogé par l'AFP, Abdoulaye Ly, un habitant de Sebba, a estimé que "la situation alimentaire est critique". "Les alertes ont été lancées, mais jusqu'à présent on ne voit pas le bout du tunnel" et "légitimement, la population se sent abandonnée".
Des commerçants s'étaient organisés pour approvisionner la localité, mais un convoi de 14 camions est resté bloqué à Dori à la suite du sabotage d'un pont sur l'axe reliant Dori à Sebba, a expliqué Abdoulaye Ly.
Des habitants avaient tenté de réhabiliter le pont de Sebba endommagé le 25 juin, mais un nouveau sabotage, le 26 juillet, l'a complètement détruit, coupant la ville du reste du pays.
"Si cet axe n'est pas réhabilité, c'est toute la province, dont Sebba est la porte d'entrée, qui est isolée. C'est donc vital pour toute la province, avec des localités somme Solhan et Mansila qui souffrent également le martyre", a relevé Mohamed Dicko, un autre habitant de Sebba.
Des attaques jihadistes fréquentes
L'Association des ressortissants du Yagha (Ary) a appelé à "une action rapide pour éviter une catastrophe humanitaire". "Il faut permettre rapidement un accès à la ville de Sebba pour l'approvisionnement en carburant, nourriture et autres produits de première nécessité", indique une note de l'Ary.
Les attaques attribuées aux jihadistes sont fréquentes dans la province du Yagha dont les habitants de localités chassés par les groupes jihadistes, se sont réfugiés à Sebba.
Le Burkina Faso, où des militaires ont pris le pouvoir en janvier en promettant de faire de la lutte anti-jihadiste leur priorité, est confronté comme plusieurs pays voisins à la violence de mouvements armés jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, qui y ont fait depuis 2015 des milliers de morts et quelque deux millions de déplacés.
Plus de 40% du territoire du Burkina est hors du contrôle de l'Etat, selon des chiffres officiels, et les attaques se sont multipliées depuis le début de l'année.