Burkina : les journalistes accusent le gouvernement de vouloir "embrigader" les médias publics

Le Président Roch Marc Kaboré après sa cérémonie de prise de serment à Ouagadougou, 29 décembre, 2015.

L'Association des journalistes du Burkina (AJB) et le Syndicat autonome des travailleurs de l'information et de la culture (SYNATIC) dénoncent, dans un communiqué, "les tentatives d'embrigadement des médias publics par le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré", élu fin 2015 après le renversement du président Blaise Compaoré l'année précédente.

Le conflit porte sur une "injonction du gouvernement" à la RTB, la télévision publique, d'ouvrir le journal d'abord par les audiences du Chef de l'Etat, puis l'actualité de la Primature, le siège du Premier ministre, et celle du Parlement.

Les deux organisations de journalistes ont "exigé du ministre en charge de la Communication (Rémi Fulgance Dandjinou) et du gouvernement de mettre fin à leurs immixtions dans le traitement de l'information dans les médias publics", a ajouté la déclaration conjointe.

Les organisations qui regroupent journalistes des médias publics et privés citent des déclarations du ministre de la Communication, également porte-parole du gouvernement, qui, interrogé sur la télévision publique le 17 juin a averti: "On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. On ne peut pas vouloir rentrer dans l'avion présidentiel et venir être celui qui va dénigrer le travail qui est fait par le gouvernement".

L'AJB et le SYNATIC ajoutent que le ministre de la Communication, un ancien journaliste "a convoqué" le 5 avril" "tous les premiers responsables" des médias publics "pour une séance de recadrage".

"Cette intrusion expose, par ailleurs, les travailleurs des médias publics à la vindicte populaire lors de la couverture des manifestations publiques", ont déploré les deux associations.

Accusée de partialité en faveur du régime du président Compaoré, chassé par la rue en octobre 29014, la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) a été la cible des manifestations anti-Compaoré lors du soulèvement. Une partie du matériel et des locaux ont été saccagés empêchant la télévision d'émettre pendant plusieurs jours. Certains de ses agents avaient été violentés.

Avec AFP