Le nouvel homme fort du Burkina, en treillis de combat et béret rouge, n'a pas prononcé de discours lors de cette sobre cérémonie devant les représentants des corps constitués, de l'armée, du corps diplomatique et des "forces vives" du pays.
Cette investiture est intervenue après l'adoption mardi d'une charte de la transition, élaborée lors d'assises nationales en concertation entre la junte au pouvoir et les "forces vives" comprenant partis, syndicats, organisations de la société civile, de la jeunesse, des femmes et des personnes déplacées par les attaques jihadistes qui frappent le Burkina Faso depuis 2015.
Les réactions des Burkinabè
"Cette Transition pour nous est une pause, une interpellation pour toutes les composantes de la société. Une interpellation à faire mieux dans la gouvernance, dans la Sécurité, à répondre aux aspirations profondes du peuple Burkinabè", a déclaré Monique Yeli Kam, Présidente du Mouvement pour la renaissance Burkina Faso, candidate à la dernière élection présidentielle.
"Nous attendons à ce qu’ils prennent en compte les aspirations de la jeunesse du Burkina Faso et qu’ils travaillent à l’inclusion des fils et filles du Burkina", a affirmé Brigitte Zoungrana, Trésorière nationale du Conseil national de la jeunesse du Burkina Faso.
"Notre souhait c’est de voir le Burkina Faso retrouver la paix, la stabilité et le retour de la Sécurité afin que tous ceux qui sont victimes notamment les déplacés puissent retrouver leurs localités. Nous attendons la mise en œuvre d’une feuille de route et d’une charte inclusive", souhaite de son côté Pascal Zaïda, membre de la Coordination nationale pour une transition réussie (CNTR).
"Avec l’arrivée du Président Damiba, nous aurons la quiétude dans nos pâturages, le vivre ensemble avec nos frères agriculteurs qui sont en même temps des éleveurs et nous aurons aussi la réduction des groupes armés dans nos pâturages et zones de pâtures", a espéré Oumar Bocoum, éleveur peulh.
"Je connais qui il est et de quelle volonté il est animée. Depuis trois jours que je suis ici, j’ai eu à parler avec des promotionnaires, des anciens. Je sais ce qui les anime. Je suis confiant", a dit Seydou Sia, Burkinabè de la Diaspora, Secrétaire général de l’alliance des Burkinabè de l’extérieur.
Période de trois ans
La période de transition avant un retour à l'ordre constitutionnel a été fixée à trois ans, selon cette charte signée par le lieutenant-colonel Damiba, qui lui interdit de se présenter aux élections prévues à la fin de la transition.
Une interdiction qui s'applique également au président de l'organe législatif de 71 membres qui va être mis en place pendant la transition.
La charte prévoit en outre la formation d'un gouvernement de 25 membres dirigé par un Premier ministre civil.
L'investiture s'est tenue dans la même salle que celle où se tient depuis octobre 2021 le procès des assassins présumés en 1987 de l'ancien président burkinabè Thomas Sankara.
Pour la circonstance, le procès interrompu le 8 février qui devait rependre mardi, ne reprendra que jeudi.
Le lieutenant-colonel Damiba, 41 ans, a pris le pouvoir après deux jours de mutineries dans plusieurs casernes du pays, renversant le président élu Roch Marc Christian Kaboré qui n'a pas réussi à endiguer la violence jihadiste: dans le sillage du Mali et du Niger, celle-ci a fait depuis sept ans au Burkina quelque 2.000 morts et plus d'1,5 million de déplacés.
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