Juste avant 02h00 (locale et GMT), "l'assaut a commencé" sur l'hôtel Splendid, établissement de luxe du centre de la capitale burkinabè où plusieurs assaillant étaient retranchés, a tweeté l'ambassadeur de France, Gilles Thibault.
"Les différentes composantes des forces armées et de sécurité se sont réparti les missions", a-t-il indiqué, alors que des militaires français étaient notamment sur les lieux, où un correspondant de l'AFP entendait des tirs sporadiques.
Des forces spéciales françaises sont stationnées en banlieue de Ouagadougou dans le cadre de la lutte anti-jihadiste dans le Sahel. Washington dispose également de 75 militaires dans le pays, et a indiqué apporter un soutien aux forces françaises dans l'opération.
Les pompiers ont réussi a maitriser un incendie qui s'était déclaré dans le hall de l'hôtel, dans lequel se trouvaient un nombre inconnu de clients et membres du personnel.
Le Splendid, qui compte 147 chambres, est fréquemment utilisé par des Occidentaux et par du personnel des agences onusiennes.
Des contrôles de sécurité étaient en place à l'entrée, mais n'ont pu empêcher l'irruption des assaillants vers 19H45, quand des tirs nourris et des détonations ont éclaté.
Le commando a également visé un restaurant voisin, le Cappuccino, lui aussi prisé de la clientèle expatriée, dont l'attaque a fait "plusieurs morts", selon un employé joint par l'AFP.
Le directeur du principal hôpital de Ouagadougou faisait état d'un premier bilan global d'au moins "une vingtaine de morts". Il a cité une blessée selon laquelle il y avait parmi les morts "plus de Blancs que de Noirs".
Assaillants enturbannés
Un journaliste de l'AFP a pu distinguer au début de l'attaque trois hommes armés et enturbannés, un témoin indiquant de son côté avoir vu quatre assaillants "enturbannés et de type arabe ou blanc".
Un laveur de véhicule a témoigné à VOA Afrique sur les assaillants de l’hôtel Splendid.
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Forces de l'ordre et secours ont bouclé le quartier, où une dizaine de voitures incendiées brûlaient dans la nuit.
L'attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste AQMI, qui l'a attribuée au groupe islamiste Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.
L'ambassade de France avait évoqué très rapidement une "attaque terroriste", mettant en place un numéro d'urgence pour la communauté française alors que le vol Air France Paris-Ouagadougou a été dérouté vers le Niger voisin.
Cette attaque inédite dans la capitale burkinabè constitue un défi pour le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré, récemment élu après une transition souvent chaotique à la tête de ce pays à la population majoritairement musulmane (60%).
Le Burkina, "point d'appui permanent" de l'opération française Barkhane, a par contre déjà été la cible d'opérations jihadistes.
Une première attaque avait d'ailleurs eu lieu vendredi après-midi dans le nord du pays, près de la frontière malienne, au cours de laquelle un gendarme et un civil ont été tués, a indiqué dans la soirée l'armée burkinabè.
Plusieurs attaques de ce type ont eu lieu ces derniers mois, et en avril dernier, le chef de sécurité roumain de la mine de manganèse de Tambao (nord), a été enlevé, action revendiquée par Al-Mourabitoune.
Comme à Bamako
L'opération de vendredi survient un peu moins de deux mois après celle de l'hôtel Radisson Blu à Bamako. Le 20 novembre, une attaque jihadiste avait fait 20 morts dont 14 étrangers dans la capitale malienne, où des hommes armés avaient retenu en otage pendant plusieurs heures environ 150 clients et employés, avant une intervention des forces maliennes, appuyées par des forces spéciales françaises et américaines et des agents de l'ONU. Deux assaillants avaient été tués.
L'opération de Bamako a été revendiquée par deux groupes jihadistes: le 20 novembre par Al-Mourabitoune et le 22 novembre par le Front de libération du Macina (FLM, mouvement jihadiste malien).
Après ces attaques, les services consulaires français au Burkina avaient étendu la "zone rouge" déconseillée aux voyageurs à une large partie du Burkina sans y faire figurer Ouagadougou. Elles avaient toutefois conseillé des mesures de prudence, des sources sécuritaires évoquant l'hypothèse d'une attaque jihadiste dans la région.
Avec AFP