"Le mouvement Sens (Servir et non se servir) a appris" mercredi soir "que des agents de la sûreté nationale ont déposé Me Guy Hervé Kam sur un terrain vide, non loin de son domicile et qu'immédiatement, un autre groupe d'hommes armés l'a récupéré pour une destination inconnue", a affirmé jeudi dans un communiqué Sens, dont M. Kam est le coordonnateur national. "Nous ignorons les raisons pour lesquelles notre coordonnateur n'a pas été remis directement à sa famille à son domicile même, et encore moins celles pour lesquelles il a été repris manu militari par un deuxième groupe embusqué", ajoute le mouvement.
Lire aussi : Les assises nationales prolongent la transition de cinq ans au Burkina FasoSelon un communiqué de l'ordre des avocats du Burkina, "des personnes" ont "pu constater qu'il avait été emmené à la section de recherches de la gendarmerie nationale".
Jeudi, M. Kam a comparu devant un juge d'instruction du tribunal militaire, qui lui a "décerné un mandat de dépôt", ont constaté deux de ses avocats qui s'y sont rendu, poursuit l'ordre. Puis "Guy Hervé Kam a été conduit vers la Maison d'arrêt et de correction des armées (MACA) où il est incarcéré depuis ce jeudi", affirme-t-il.
Plusieurs cas d'enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire, au pouvoir depuis un coup d'Etat en septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, ont été rapportés ces derniers mois à Ouagadougou.
Mercredi, un ex-chef de corps militaire, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, poursuivi pour "tentative de déstabilisation des institutions de l'Etat" présumée, a également été enlevé, alors qu'il avait été remis en liberté provisoire la veille, selon son entourage.
Arrêté dans la nuit du 24 au 25 janvier à l'aéroport de Ouagadougou par des hommes en civil, Guy Hervé Kam avait ensuite été détenu dans les locaux de la sûreté de l'Etat. Le 7 mars, un tribunal avait ordonné sa libération immédiate, une décision confirmée le 23 avril en appel. L'ordre des avocats du Burkina "condamne avec fermeté le refus d'exécuter des décisions de justice", quand Sens dénonce un "acharnement des autorités" à l'encontre de Me Kam.
Lire aussi : Au Cameroun, les législateurs de l'Afrique francophone dénoncent l'instabilité et l'influence étrangèreLe mouvement dit tenir "entièrement responsables les plus hautes autorités de notre pays quant à tout ce qui pourrait advenir à Me Guy Hervé Kam concernant aussi bien son intégrité physique que morale". Sens exige sa "libération immédiate et sans condition".
Guy Hervé Kam est notamment connu au Burkina pour avoir été l'avocat de la famille de Thomas Sankara, ex-chef d'Etat (1983-1987) tué lors d'un coup d'Etat perpétré par son successeur Blaise Compaoré. Ancien magistrat, il est également un leader de la société civile burkinabè, cofondateur du Balai citoyen qui avait joué un rôle capital dans la chute du régime Compaoré en 2014.