L'autre surprise vient du mauvais score de Joe Biden, le vice-président de Barack Obama, qui arrive quatrième derrière la sénatrice Elizabeth Warren, alors qu'il dominait les sondages au niveau national depuis des mois.
On ignore quand les résultats finaux seront proclamés, en raison d'un bug informatique qui a transformé cette première échéance en fiasco. Le vote de l'Iowa, un petit Etat rural qui s'exprime toujours en premier, s'est fait lundi soir non par bulletins mais dans des assemblées où les électeurs se regroupent et se comptent par candidat, en deux tours, un système de "caucus" complexe et critiqué.
Lire aussi : Donald Trump vante ses promesses "tenues" dans un Congrès diviséEn campagne dans le New Hampshire, qui votera le 11 février, le modéré Pete Buttigieg a célébré une "victoire stupéfiante", soulignant qu'il était parti de presque zéro l'an dernier, avec "quatre salariés, aucune notoriété, pas d'argent, seulement une belle idée".
Visiblement ému, l'ancien maire de la petite ville de South Bend dans l'Indiana, premier candidat ouvertement gay à se placer ainsi pour l'investiture d'un grand parti américain, a semblé faire référence à son orientation sexuelle et à son histoire personnelle.
Ce résultat "prouve que, pour un enfant quelque part qui se demande s'il ou elle ou 'iel' a bien sa place parmi sa propre famille, si vous croyez en vous-même ou en votre pays, alors votre conviction s'en trouvera renforcée", a-t-il déclaré, utilisant en anglais le pronom neutre "they", qui peut se traduire en français par "iel", contraction de "il" et "elle".
- "Retard inacceptable" -
Selon des résultats partiels actualisés, Pete Buttigieg a obtenu 26,8% des délégués, contre 25,2% pour Bernie Sanders. Elizabeth Warren, autre représentante de l'aile gauche du parti, arrive troisième avec 18,4%, suivie de Joe Biden (15,4%) et de la sénatrice modérée Amy Klobuchar (12,6%).
Le président du parti démocrate de l'Iowa, Troy Price, a présenté ses excuses pour le retard "inacceptable" dans la publication des résultats, dû selon lui à un problème informatique avec l'application utilisée pour les remontées des bureaux de vote.
Il a garanti la fiabilité des chiffres rapportés, qui ont été vérifiés par des versions papier. "Nous savons que ces chiffres sont exacts", a dit Troy Price, qui a promis de publier les résultats complets dès que possible.
Depuis lundi soir, Bernie Sanders et Pete Buttigieg revendiquaient tous deux la victoire.
Le président Donald Trump a jubilé face au chaos dans le parti qui espère l'expulser de la Maison Blanche en novembre, tweetant que le spectacle illustrait l'"incompétence" de ses adversaires.
Mais la débâcle informatique dépasse le seul cadre politique, nombre d'élus et d'experts en élections et en cybersécurité s'inquiétant de voir une nouvelle fois la fiabilité du processus électoral américain ébranlée par un mélange de dysfonctionnements et d'amateurisme.
Lire aussi : En quoi la course à l'investiture démocrate diffère-t-elle de celle de 2016 ?Le camp Trump s'est engouffré dans la brèche en insinuant que le retard cachait une tricherie.
"Ce chaos a créé un environnement propice à la désinformation en ligne, ce qui sape encore plus la confiance dans le processus démocratique", a aussi vivement critiqué le sénateur démocrate Mark Warner, qui s'occupe d'espionnage et de renseignement au Sénat
- Candidat gay -
Politiquement, l'absence de vainqueur officiel a gâché le coup d'envoi des primaires, dans lequel certains candidats ont investi un temps et des budgets considérables, depuis un an ou plus.
Le vainqueur de l'Iowa apparaît d'ordinaire triomphant en une des journaux le lendemain, et se sert de ce succès comme d'un tremplin vers les scrutins suivants, à commencer par le New Hampshire. L'élection primaire sera organisée cette fois par les autorités de l'Etat comme un scrutin normal.
Se fondant sur ses propres estimations, le sénateur Bernie Sanders, champion de l'aile gauche, avait revendiqué la victoire dans l'Iowa lundi. Il pourrait encore le faire sur la base du nombre de voix, qui est légèrement différent du nombre de délégués, en raison des règles d'attribution par comté et circonscription.
Pete Buttigieg entend quant à lui reprendre à Joe Biden le flambeau de l'aile modérée, et tend la main aux électeurs de Donald Trump.
L'Iowa défend fièrement son système des caucus, vanté comme un exercice de démocratie pure, mais où la participation est relativement faible. Tous les quatre ans, des critiques se lèvent aussi contre l'importance disproportionnée accordée à ce petit Etat agricole et à ses quelques centaines de milliers d'électeurs, non représentatifs du pays.