La démographie béninoise est-elle une chance pour le pays ou, au contraire, une infortune ? La question fait débat depuis le 3 mai 2023 à la suite de l’annonce par le gouvernement de son intention d’organiser une table ronde sur l’augmentation rapide de la population.
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L’initiative, projetée pour septembre prochain, vise, selon les autorités, à réfléchir sur les moyens de mettre en adéquation la poussée démographique nationale et la satisfaction des besoins des populations.
Il s’agira notamment "d’envisager un réajustement des paradigmes en matière de politique nationale de population en vue d’asseoir de bonnes bases à même de concilier l’ambition de bien-être partagé et le désir de procréation."
Une forte natalité
Cette décision de l’exécutif béninois est justifiée, selon les autorités, par la forte la natalité du pays. La Banque mondiale situe en effet le Bénin dans le top 10 des nations au plus fort taux de fécondité dans le monde en 2021 avec 5,1 enfants par femme pas bien loin du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, qui lui compte 5,3 naissances par femme.
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L’État estime par ailleurs que la population s’est accrue de 176% entre 1979 et 2013, passant de 3,3 millions à plus de 10 millions d’habitants, pendant que des pays comme l’Irlande et la Nouvelle-Zélande qui avaient une démographie semblable à celle du Bénin en 1979, ont connu un faible accroissement respectivement de 37% et 43%.
Toujours selon le gouvernement, ces données interpellent sur l’efficacité de la politique nationale de population, notamment "celle de la parentalité responsable". Selon les autorisés, cela expliquent le décalage entre "les efforts remarquables que fournit le peuple dans son ensemble et l’amélioration notable des conditions de vie" qui du coup n’est pas toujours ressentie ou perçue de manière significative.
Limitation des naissances ?
Faut-il donc envisager une limitation des naissances ? Le gouvernement refuse de s’exprimer dans ces termes mais préfère parler de "procréation responsable".
"Il faut trouver les moyens d’inciter au contrôle des naissances et même trouver des moyens un peu coercitifs pour que l’explosion qu’on observe ne se poursuive pas, sinon l’Afrique se porterait très mal", indiquait le président Patrice Talon en mars dernier sur la chaîne française LCI.
Quoi qu’il en soit, l’appréciation faite de la flambée démographique par le gouvernement divise l’opinion. De nombreux observateurs indiquent que le nombre de Béninois, estimés à 13 millions en 2021 sur une superficie de 112 600 km2, n’est pas une entrave au développement.
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"Nous ne sommes ni surpeuplés, ni densément occupés. Le Rwanda n’a qu’une superficie de 26 000 km2 avec un peu plus de 12 millions d’habitants. Mais le pays ne prend pas la fécondité de sa population comme un frein", a réagi le député Guy Dossou Mitokpè.
Cette polémique jamais tranchée entre natalistes et antinatalistes est d’autant plus enflammé au Bénin que la sociologie locale considère l’enfant comme une richesse.