Les agriculteurs et éleveurs camerounais à la merci de Boko Haram

Une famille ayant fui Boko Haram, dans le camp de réfugiés de Minawao, au Cameroun. (AP Photo/Edwin Kindzeka Moki)

Les combattants de Boko Haram ont tué plus de 1.000 civils et soldats au Cameroun. Ils ont aussi aggravé les conditions de vie des agriculteurs vivant dans les zones frontalières avec le Nigéria, en faisant perdre au pays  des milliers de bovins et d’ovins. Reportage de Moki Edwin Kindzeka

Moussa Ibrahima est un éleveur de bovins. Il s’est établi avec sa famille et 45 vaches sur la rive de la rivière Vina à Ngaoundéré, dans la région de l’Adamawa. Il dit avoir quitté sa ville natale, située à 650 km, à cause des attaques de Boko Haram. Et il s’est juré de ne pas retourner à Fotokol, parce que les combattants de Boko Haram attaquent et tuent les éleveurs. Beaucoup d’entre eux, dit-il, ont été forcés de traverser la frontière nigériane avec leur bétail pour ne plus revenir au Cameroun.

Kalbassou Daniel, un député du Nord, dit que souvent les assaillants se déguisent en éleveurs transportant leurs vaches aux marchés du Nigéria. Les combattants de Boko Haram, poursuit-il, volent de plus en plus les vivres et le bétail des éleveurs et agriculteurs camerounais.

Selon M. Kalbassou Daniel, les militants de Boko Haram ont tué, rien que la semaine dernière, 15 éleveurs et leur bétail s'est échappé et personne n'a osé aller récupérer les vaches sur les collines près du Nigeria, à cause de la peur. Beaucoup d'argent ainsi perdu, outre les centaines d'éleveurs tués...

Boko Haram s’est mis à attaquer le Cameroun il y a 3 ans, après que les troupes camerounaises ont commencé à aider les forces gouvernementales nigérianes dans leur lutte contre le groupe terroriste. Le ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary, estime à environ 1.200 soldats et civils le bilan des victimes de Boko Haram depuis. Au moins 5.000 vaches ont été aussi volées et un nombre indéterminé tué :

"En 2014, 1.160 bovins ont été volés à notre people par le groupe criminel et barbare, Boko Haram. En 2015, le nombre était de 4.200, si l’on exclut les petits ruminants.”

Bien que Boko Haram ait ciblé ces derniers mois agriculteurs et éleveurs, a ajouté M.Tchiroma, le groupe rebelle a vu « sa capacité à frapper drastiquement réduite » grâce aux contre-offensives des forces camerounaises et nigérianes dans ses bastions.