Le mouvement sécessionniste du Cameroun anglophone s'est lancé dans une collecte de fonds innovatrice pour renflouer ses caisses, ce qui laisse présager une escalade du conflit armé qui l’oppose au gouvernement basé à Yaoundé.
Selon Chris Anu, secrétaire d'État à la communication de la république autoproclamée d'Ambazonie, le mouvement a besoin de recueillir des millions de dollars pour mener à bien le combat pour son indépendance.
M. Anu, depuis son exil à Houston aux États-Unis, a rejeté des rumeurs selon lesquelles le mouvement sécessionniste serait en perte de vitesse. “Nous menons contre le Cameroun français le plus rude combat auquel il a jamais été confronté”, a-t-il déclaré dans un entretien avec James Butty du service anglophone de la VOA. “Plus jamais nous n'aurons rien en commun avec le Cameroun français”, a-t-il précisé d’un ton catégorique.
Ce n’est pas la première fois qu’un mouvement séparatiste tente de lever des fonds par des voies alternatives au système bancaire strictement régulé. Ce qui fait la particularité de l’Ambazonie, en revanche, c’est l’adoption des technologies virtuelles basées sur l'anonymat.
Lire aussi : Trois militaires camerounais inculpés pour un massacre de civils en zone anglophoneEn 2018, l’Ambazonie avait mis sur le marché une cryptomonnaie connue sous le nom d'AmbaCoin, dérivée de bitcoin, la monnaie virtuelle lancée en 2008. Plus de 850.000 transactions ont été enregistrées à ce jour sous AmbaCoin, selon un registre disponible en ligne.
Par ailleurs, les leaders de l'Ambazonie ont récemment émis des bons de dette dénommés “Freedom Bonds”. Équivalent à des emprunts obligataires, ils sont vendus à un dollar l’unité.
Les souscripteurs peuvent orienter leurs investissements vers la défense, la diplomatie ou les besoins humanitaires. Le remboursement est garanti par "la crédibilité et les ressources des habitants du Sud du Cameroun", selon un site web dédié à leur vente. En d’autres termes, les investisseurs ne seront remboursés qu’à l’aboutissement de l’indépendance de l’Ambazonie.
Lire aussi : Pari risqué pour les humanitaires en zone anglophone camerounaiseJeudi, une dizaine d'exilés se réclamant de l'Ambazonie qui avaient été renvoyés de force au Cameroun depuis le Nigeria voisin doivent comparaître en appel devant un tribunal à Yaoundé. Ils avaient été condamnés à des peines d'emprisonnement à vie.
Leur transfert aux autorités camerounaises avait suscité beaucoup d'indignation au sein du mouvement, qui a vu en cet acte une violation du droit international protégeant les demandeurs d'asile. Même le HCR, l’agence pour les réfugiés des Nations Unies, avait dénoncé leur renvoi.
Un rapport récent du Conseil norvégien pour les réfugiés a classé la situation au Cameroun anglophone en tête des crises de déplacés internes les plus négligées au monde.