Arrestation de "terroristes" anglophones au Cameroun

Les avocats et l’assistance dans la cour du tribunal militaire lors de l'audience criminelle spéciale de deux leaders de la contestation anglophone, à Yaoundé, Cameroun, 7 juin 2017.

Cinq personnes, présentées comme des "indépendantistes" de la minorité anglophone, ont été arrêtées début août au Cameroun, a annoncé le porte-parole du gouvernement.

Le "commando", arrêté les 2 et 3 août dans la région anglophone du Nord-Ouest, voulait "perpétrer des attaques contres des forces de défense et de sécurité, des responsables militaires et des autorités administratives", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, mercredi soir sur la télévision d'Etat Crtv.

Ces personnes feraient partie, selon la communication gouvernementale, du "Liberation Movement of Southern Cameroon" (Mouvement de libération du Cameroun du Sud), le "bras armé" de l'"Ambazonie", nom de la république indépendantiste que certains anglophones veulent créer pour rompre avec la majorité francophone du pays.

Depuis novembre 2016, la minorité anglophone du Cameroun - environ 20% de la population estimée à 22 millions - proteste contre ce qu'elle appelle sa marginalisation.

Une frange de cette minorité aspire au fédéralisme, une autre demande une amélioration des conditions de vies, et une troisième - dont des anglophones de la diaspora - lutte pour la partition du pays.

L'un des hommes arrêtés, Alfred Ngyah Dasi, un Nigérian d'origine camerounaise, a été présenté comme le chef du "Liberation Movement of Southern Cameroon".

Lors d'une perquisition chez lui, les policiers ont découvert "dissimulé dans un bunker, plusieurs effets militaires", selon M. Tchiroma, assurant que les enquêtes se poursuivaient.

Ont ainsi été retrouvés "des armes à feu semi-automatiques, des appareils de vision nocturne (...), des lunettes de tir, un épiscope de tir avec blindage, des bipieds et trépieds pour armes de précision, des chargeurs pour tireurs d'élite", ainsi que du matériel nécessaire pour fabriquer et déclencher des explosifs, selon le porte-parole.

Le gouvernement de Paul Biya, au pouvoir depuis près de 35 ans, réprime les contestations de la minorité anglophone. L'internet avait été coupé pendant trois mois dans les zones anglophones, avant d'être rétabli le 20 avril.

Plusieurs leaders anglophones sont écroués depuis des mois et font actuellement l'objet d'un procès pour "terrorisme". Une nouvelle audience est prévue le 31 août.

Avec AFP