L’opposition reste profondément divisée sur le choix d’un candidat unique pour l’élection présidentielle de 2018 pendant que le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) fête le 24 mars ses 32 ans au pouvoir.
Selon le chronogramme arrêté par le mouvement de la société civile "Alternance 2018", c’est le 15 mars dernier que devaient débuter les primaires en vue du choix du candidat de l’opposition camerounaise, à l’élection présidentielle de l’an prochain.
Les primaires sont toujours en vue. Nous nous sommes heurtés à beaucoup de barrières administratives et réticences de certaines personnes. Cependant, les partis leaders sont d’accord qu’on organise les primaires pour désigner un candidat de l’opposition camerounaise",Marie Jeanne Abega, délégué régional du mouvement "Alternance 2018" pour la région du centre à Yaoundé
La date du 15 mars avait été arrêtée, depuis 2016, mais n’a pas été respectée à échéance.
"Les primaires sont toujours en vue. Nous nous sommes heurtés à beaucoup de barrières administratives et réticences de certaines personnes. Cependant, les partis leaders sont d’accord pour qu’on organise les primaires pour désigner un candidat de l’opposition camerounaise", déclare Marie Jeanne Abega, délégué régional du mouvement "Alternance 2018" pour la région du centre à Yaoundé.
Selon elle, une dizaine de partis politiques de l’opposition et autant d’organaisations de la société civile ont déjà adhéré au mouvement Alternance 2018.
Un mouvement qui appelle à un vote massif en faveur d’un candidat unique de l’opposition, pour venir à bout du RDPC, le parti au pouvoir depuis 32 ans au Cameroun.
L’histoire rappelle que, l’échec d’une candidature unique de l’opposition, avait déjà été enregistré en 2004.
John Fru Ndi, président du Social democratic front (SDF), principal parti de l’opposition, avait rejeté le choix porté sur son adversaire Adamou Ndam Njoya de l’UDC.
M. Fru Ndi avait été éliminé parce qu’il ne s’exprimait pas en français, l’une des langues officielles du Cameroun. Un critère qui est encore contenu dans la déclaration de candidature proposé par le mouvement Alternance 2018 aux chefs des partis politiques de l’opposition camerounaise.
Quoiqu’il en soit, depuis 2004, les principales forces politiques de l’opposition sont divisées sur l’idée d’une candidature unique.
"Les acteurs qui dominent actuellement les grands partis de l’opposition nourrissent tellement de méfiance et défiance entre eux ", souligne le politologue camerounais, Njoya Moussa.
A cela s’ajoute le fait que le parti de John Fru Ndi ne veut pas partager son leadership.
" Au sein de l’opposition, le SDF estime que tout regroupement de formations politiques doit se faire autour de lui. Or, les détracteurs de ce parti lui attribuent l’échec de l’opposition au Cameroun ", renchérit l’enseignant Njoya Moussa.
Les acteurs qui dominent actuellement les grands partis de l’opposition nourrissent tellement de méfiance et défiance entre eux "Le politologue camerounais, Njoya Moussa.
La position du SDF n’a pas changé sur ce principe de leadership naturel.
« Le SDF assume et mérite sa place politique au sein de l’opposition », nous confie sous anonymat un cadre de ce parti.
La chasse politique à la vieille garde de l’opposition.
Pour sa part, l’union pour la fraternité UFP d’Olivier Bile, adhère à l’initiative d’Alternance 2018 afin de désigner un candidat de l’opposition pour la présidentielle de 2018 au Cameroun, mais sous une condition.
"Nous sommes des acteurs politiques désireux d’apporter une dynamique nouvelle pour l’avenir. Elle doit commencer maintenant par ces primaires, qui pour nous constituent une condition non négociable ", affirme le président de l’UFP,
Le Cameroon people party d’Édith Kah Walla accueille avec moins d’enthousiasme l’option de présenter un candidat unique de l’opposition.
"Il est important d’avoir d’abord des élections crédibles au Cameroun. Une élection à deux tours dégage d’elle-même, le candidat que l’opposition va soutenir. Mais, le régime actuel ne veut pas d’un scrutin présidentiel à deux tours ", déplore Édith Kah Walla, président du Cameroon People Party.
Avec tant de divergences, certains Camerounais sont sceptiques au sujet d’une candidature unique de l’opposition lors de la présidentielle de 2018.
Notamment, quelques étudiants de l’université de Yaoundé 1 que nous avons interrogés.
"Chaque leader de l’opposition au Cameroun recherche son intérêt au détriment de celui du peuple ", regrette le premier d’entre eux.
"Les partis politiques de l’opposition camerounaise promeuvent le repli identitaires et peuvent difficilement mobiliser l’ensemble de Camerounais ", pense notre second interlocuteur.
Malgré tout, le mouvement Alternance 2018, reste déterminé à mettre l’opposition camerounaise face à ses responsabilités.
Reportage d’Emmanuel Jules Ntap à Yaoundé pour VOA Afrique