A la rencontre des milices anti-Boko Haram au Cameroun

Membres d'une milice, à Kerawa au Cameroun, près de la frontière nigériane, le 16 mars 2016.

Dans le nord du Cameroun, les djihadistes de Boko Haram  continuent les attaques suicides, en représailles aux frappes de la force régionale. Il se passe rarement une semaine sans que le groupe ne fasse sauter des bombes. Pour protéger les communautés, le Cameroun renforce les capacités des groupes locaux d'autodéfense qui aident les militaires. Moki Edwin Kindzeka, correspondant de VOA Afrique au Cameroun est parti à leur rencontre.

A Mora, près de la frontière nigériane, les 200 recrues du groupe d’auto-défense sont accueillies en musique. Midjiyawa Bakari, gouverneur de la région du Grand Nord a fait le déplacement. Il dit qu'ils sont plus déterminés que jamais à éradiquer les attentats suicides dans leur localité.

Le gouverneur a équipé la milice d’autodéfense de Mora, de motos, bicyclettes, détecteurs de métaux. Il leur a aussi fourni de l'argent.

Dale Paul dirige le groupe.Il sont sont plus déterminés que jamais à éradiquer les attentats suicides dans leur localité, dit-il.

Il n’empêche, beaucoup se demandent jusqu’ou pourra-t-on compter sur les milices. L'an dernier, des membres de groupes d’autodéfense, soupçonnés d’être des infiltres ont été arrêtés. Pour les autorités, ces groupes d'autodéfense font un travail indispensable qui sauve des vies. Ils connaissent le terrain et partagent des renseignements avec les militaires.

Ce soir, un vent fort souffle sur le village.

Quatre-vingt vigiles armés de machettes, d’arcs, de flèches, de couteaux et de lances sont réunis pour prendre la relève. L'armée protège la frontière et le groupe d'auto-défense s’assure qu’aucun étranger n’entre dans le village.

Kaadil Ousmanou, explique que les miliciens sont dotés de téléphones cellulaires pour prévenir les militaires des qu’ils voient des suspects. D’apres lui, ils se sacrifient pour le bien-être de leur village.

Joseph Manaouda affirme que grâce aux vigiles, la population peut dormir la nuit. Chef du village de Mora, il rappel que si les groupes d'autodéfense ne peuvent pas avoir d’armes, ils ont tout de meme réussi à arrêter plusieurs attaques.

Lorsque les miliciens arrêtent des suspects qui tentent d’entrer au Cameroun, ils s’empressent d’informer les chefs traditionnels nigérians de l’autre cote de la frontiere. Joseph Manaouda ajoute que les miliciens communiquent également avec les groupes nigérians d'auto-défense.

Des dizaines de miliciens ont été tues dans le Nord du Cameroun. Sali Ali Mahamat a échappé de justesse à la mort. Age de 44 ans, il avait été affecté aux îles du lac Tchad avec ses deux frères.

Il raconte que deux combattants de Boko Haram, armes aux poings, les ont forcés à naviguer à travers le lac Tchad vers un village du Cameroun.

D’après Sali, ses deux frères ont attaqué le terroriste et l'armée est venue à la rescousse. Il s’en est tiré avec une balle dans la main droite et a été soigné gratuitement dans un hôpital public.