Les meurtres, saccages et enlèvements sont fréquents dans cette région, où des groupes armés séparatistes visent régulièrement en particulier les établissements scolaires et les enseignants mais aussi les églises catholiques et protestantes ainsi que leurs prélats. Mais les évêques de la région assurent que le kidnapping de vendredi est "complètement sans précédent" dans son ampleur.
Dans la soirée, l'église St Mary de Nchang a été "incendiée par des inconnus armés et cinq prêtres, une religieuse et deux fidèles ont été kidnappés", déplore la Conférence épiscopale de la Province de Bamenda dans un communiqué reçu dimanche par l'AFP, sans plus de détails. Nchang est un village situé dans la région du Sud-Ouest.
Lire aussi : Six morts et 8 blessés après une attaque dans le Cameroun anglophoneL'archevêque Andrew Nkea, signataire du communiqué, ne livre aucun détail sur l'attaque, ne l'attribue à personne en particulier et assure que les ravisseurs n'ont livré "aucune raison concrète" pour cet acte.
L'attaque et les enlèvements n'ont pas été revendiqués mais ils sont fréquemment perpétrés par des groupes séparatistes et se terminent le plus souvent par la libération des otages contre rançon ou au terme de négociations avec les chefs traditionnels et religieux locaux.
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées principalement par la minorité anglophone du Cameroun, sont le théâtre depuis bientôt six ans d'un conflit très meurtrier entre des groupes armés réclamant l'indépendance d'un Etat qu'ils appellent l'"Ambazonie" et des forces de sécurité massivement déployées par le pouvoir du président Paul Biya, 89 ans, qui dirige le Cameroun d'une main de fer depuis près de 40 ans.
Les deux camps sont régulièrement accusés par les ONG internationales et l'ONU de commettre crimes et atrocités contre les civils, principales victimes de cette guerre, et M. Biya de faire preuve d'intransigeance et mener une implacable répression, au Cameroun anglophone mais aussi contre toute opposition politique dans le pays.
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Une partie de la population anglophone s'estime ostracisée par la majorité francophone, qui domine le pouvoir central. Le conflit a fait plus de 6.000 morts depuis fin 2016 et forcé plus d'un million de personnes à se déplacer, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).