Dans un courrier transmis jeudi au parquet, la commission des droits de l'Homme du barreau informe avoir pris connaissance "à travers les réseaux sociaux", grâce à des témoignages publiés "dans l'anonymat", de faits "d'outrage à la pudeur, harcèlement sexuel, viols, menaces, séquestrations et violences sur plusieurs victimes".
Le barreau appelle à "l'ouverture d'une enquête" et exhorte le parquet à traduire l'agresseur présumé "devant les juridictions compétentes afin que justice soit rendue conformément à la loi", poursuit la lettre.
La ministre de la promotion de la femme et de la famille "se réjouit de la saisine des autorités judiciaires compétentes en vue d'établir la matérialité des faits", dans un communiqué publié vendredi. Marie-Thérèse Abena Ondoa "encourage" les victimes à "briser le silence" et "à fournir aux autorités judiciaires les éléments nécessaires à la conduite des procédures destinées à établir la matérialité des faits".
La Commission des droits de l'Homme du Cameroun, saisie d'office le 19 janvier, regrette de ne pas pouvoir "traiter cette affaire comme il se doit", à savoir "entendre les témoins" et "confronter les parties" en raison de l'anonymat des dénonciations, dans un communiqué publié samedi.
Depuis mi-janvier, plus de 70 témoignages anonymes comportant des accusations d'agression sexuelle par un même homme d'affaires ont été relayés sur les réseaux sociaux par un blogger camerounais.
Un hashtag (#StopBopda), né de la vague d'indignation des internautes, a depuis été repris plus de 100.000 fois sur X (Ex-Twitter), bénéficiant notamment de la mobilisation d'artistes, de sportifs et d'influenceurs très suivis à travers le continent africain.
Dans le quartier de Bali à Douala, une vingtaine d'activistes se sont rassemblés vendredi vêtus de noir, à l'appel de "Stand Up for Cameroon", un mouvement qui rassemble partis politiques et organisations de la société civile.
"Je suis écoeurée, d'autant plus que la personne indiquée comme kidnappeur et violeur est toujours libre dans les rues de Douala", s'est indignée Chantal Egbe, une militante qui réclame "au système judiciaire" que l'accusé soit "mis hors d'état de nuire".
Une lettre ouverte signée par 22 femmes issues de la société civile camerounaise a également été déposée jeudi auprès des autorités, dénonçant "l'inaction ou la lenteur des services gouvernementaux compétents" dans les cas de violences faites aux femmes et invitant les services concernés à se constituer partie civile, notamment dans le cadre de cette affaire.