Le public n’a pas manqué d’acclamer William Elong, âgé 25 ans, et neuf de ses jeunes collaborateurs lors de la cérémonie de présentation des drones.
Sur la cour arrière de l’Hôtel de ville de Yaoundé, où la jeune startup "Will and Brothers" a présenté les drones fabriqués à Douala, les visiteurs ont été impressionnés par les trois modèles exposés à l’occasion.
Parmi lesquels, le "cyclop", un drone muni d’un capteur qui détecte automatiquement les personnes, objets et animaux.
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"Il est aussi utile pour des décomptes avec précision", a expliqué William Elong, son concepteur.
Ce dernier a poussé plus loin encore son ingéniosité dans la fabrication des autres drones de la start-up.
"Algo" est le premier, une voilure fixe avec une portée de 20 kilomètres et plus de 45 minutes d’autonomie. "Logarithm", le second est un hexacoptère. Et le dernier est un drone terrestre baptisé "Sanaga", du nom d’un fleuve du Cameroun, explique t-il.
"Il y a donc variétés d’opérations avec ces drones".
"L’un de nos modèles peut faire un audit sur les pylônes des télécommunications. Un autre fait la surveillance maritime, frontalière", a conclu M. Eyong.
Ces réalisations ont attiré des élèves et étudiants de certains établissements scolaires et universitaires de Yaoundé, tous venus découvrir les premiers drones "made in Cameroon".
"Je repars avec la conviction qu’il suffit tout simplement d’avoir de la créativité et être déterminé dans ce qu’on veut faire réaliser des grandes prouesses technologiques", a commenté un étudiant de l’Ecole nationale supérieure des postes et télécommunications et TIC ( SUP’PTIC).
"A voir ce qu’ils ont réalisé, ils ont transformé un rêve en réalité", a ajouté un élève d’un lycée de la capitale présent à la cérémonie.
Il faut préciser que William Eyong n’est pas titulaire d’un baccalauréat scientifique.
"J’ai fait des recherches sur internet sur la fabrication des drones, des avions", témoigne t-il à son auditoire du jour.
Didier Zanga dirige un centre de métiers des travaux publics à Akonolinga à 117 km de Yaoundé. Il a bravé deux heures de route pour visiter le stand d’exposition des drones.
"Il y a de la matière grise, du génie, du savoir et surtout beaucoup de créativité dans le travail de ces jeunes gens. Ils méritent les encouragements de tous", a confié M Zanga à VOA Afrique.
Les trois premiers drones ont été conçus entre 2015 et 2017. Le coût de fabrication est de $200.000 (105 millions de francs CFA), une somme obtenue à l’issue d’une levée de fonds internationale.
Parmi les contributeurs, "il y a trois camerounais dont on peut donner l’identité", assure Adam Vessah, responsable de la communication de Will And Brothers.
M. Vessah précise cependant que les fonds "levés en 2017 étaient pour la fabrication de drones. 70% a été investi dans la recherche. Du coup nous nous sommes battus pour réaliser trois drones".
En novembre 2017, la start-up Will and Brothers a assisté au salon de la défense en France. Seules deux start-up africaines avaient été conviées à l’exposition.
Aujourd’hui, Will and Brothers entend mettre en vente l’un des modèles de ses drones à 600.000 francs CFA, notamment pour les propriétaires des grandes exploitations agricoles.
Minette Libom Likeng, la ministre camerounaise des postes et télécommunications n’est pas indifférente au succès de la jeune start-up.
"Will And Brothers font la fierté du Cameroun. Ils ont parfaitement mis en application le message du Chef de l’Etat qui demande aux jeunes d’oser, d’innover et de créer. Nous appelons les autres jeunes start-up à leur emboîter le pas et à s’attendre à un soutien du gouvernement".
L’enjeu de la présentation des premiers drones fabriqués au Cameroun étant passé, il reste maintenant à relever celui des commandes .
Les concepteurs disent attendre des commandes des autres pays de la zone de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale.
Emmanuel Jules Ntap à Yaoundé