A Brazzaville, dénonciation d'une "phobie complotiste" des autorités envers les activistes

Le mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, à Brazzaville, le 3 octobre 2020.

Des organisations de la société civile ont entamé à Brazzaville une campagne d’affichage des portraits des activistes des droits de l’Homme emprisonnés, en vue d’obtenir leur libération.

Après les quartiers de Ouenze et Moungali à Brazzaville, les activistes du mouvement citoyen ‘’le Ras-Le-Bol’’ ont choisi le quartier Château d’eau de la commune de Makelekele pour placarder quelques affiches. Il s’agit des portraits des activistes enfermés depuis des mois, à la maison d’arrêt de la capitale de la République du Congo.

"Depuis le 11 mars, des gens dans nos rangs ont été pris par la police. Il s’agit de Christ Dongui et Dr Alex Ndzabana. D’autres aussi ont été arrêtés à Pointe-Noire. Nous sentons une nonchalance de la justice", affirme Bertrand Menier, qui conduit l’équipe sur le terrain.

"Nous espérons que la procédure sera accélérée. Les autorités doivent sortir de cette phobie complotiste", ajoute-t-il.

Un autre activiste estime que les personnes arrêtées n’ont pas leur place en prison, et les autorités doivent les libérer.

"On ne peut pas comprendre que le PCT (Parti congolais du travail, au pouvoir), viole systématiquement sa Constitution, et ceux qui respectent la Constitution, on les met en prison. Donc, nous espérons qu’ils seront libérés d’ici là", indique l’activiste.

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A Brazzaville, offensive des activistes des droits de l’Homme


La campagne, lancée la semaine dernière, vise à sensibiliser l’opinion sur l’existence de ces prisonniers un peu particuliers.

Deux autres organisations de la société civile, l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) et le Centre pour les droits de l’homme et le développement (CDHD), participent à cette campagne.

Les ONG estiment que les dossiers judiciaires des activistes en détention sont vides, et que le juge est incapable d’organiser un procès contre eux.

"Dossier vide"

"Est-ce qu’il y aura procès ? A notre entendement non! Parce que pour qu’il y ait procès, il faut des charges assez suffisantes, solides et substantielles. Mais en pareille circonstance, c’est un dossier vide et cela a été démontré", inique Trésor Nzila Kendet, directeur exécutif de l’OCDH.

"Nous espérons que nos amis seront libérés, d’où cette campagne", souligne-t-il.

La campagne devrait se poursuivre dans les autres villes du Congo. Les membres de la société civile affirment aller plus loin si leurs collègues n’étaient pas libérés.

"Nous avons commencé par cette campagne d’affichage avant d’organiser une campagne médiatique. Et si c’est possible, nous allons saisir tous les mécanismes africains et onusiens, pour que nous puissions obtenir leur libération immédiate et sans condition", annonce Roch Euloge N’Zobo, coordonnateur national du CDHD.

Près d’une dizaine d’activistes sont concernés par cette campagne. Mais les plus en vue restent Alexandre Ndzabana Ibacka et Christ Dongui. Les ONG profitent certainement de l’installation du nouveau Premier ministre Anatole Collinet Makosso et de son gouvernement pour faire passer leur plaidoyer.