CAN 2017 : chronique d'un gâchis redouté pour l'Algérie

L'Algérien Mohamed Meftah, à gauche, joue contre le Tunisien Mohamed Amine Ben Amor, à droite, lors de la CAN 2017 au stade de Franceville, le 19 janvier 2017.

Est-ce finalement une surprise ? Instabilité chronique du poste de sélectionneur, préparation trop légère et lacunes défensives criantes ont précipité la chute brutale au 1er tour de la CAN 2017 de l'Algérie et de sa génération dorée, incarnée par le Ballon d'Or africain Riyad Mahrez.

Trois matches: c'est la durée de vie moyenne des deux derniers sélectionneurs de l'Algérie. Et ce sans compter l'intérim du sélectionneur-adjoint Nabil Neghiz sur un seul match cet été.

Après le fiasco du technicien serbe --non francophone-- Milovan Rajevac, arrivé cet été pour remplacer Christian Gourcuff mais débarqué au bout de seulement deux rencontres, c'est au tour de Georges Leekens de plier bagages.

Le Belge, nommé à la va-vite en novembre dernier juste avant un match décisif contre le Nigeria (défaite 3-1) pour le Mondial-2018, a fait un peu mieux en restant quatre matches sur le banc algérien. Avec un bilan terrible: deux matches nuls, deux défaites, et 9 buts encaissés !

Avec cette succession de mauvais choix, les dirigeants du football algérien ont dilapidé une majeure partie de la formidable dynamique née du Mondial-2014. Car de manière rétrospective, le 8e de finale héroïque contre l'Allemagne, qui a fait entrer Vahid Halilhodzic dans l'histoire, a marqué le début de la chute.

Valse des latéraux

Son successeur Christian Gourcuff aurait pu faire franchir à cette génération prometteuse le pallier tant attendu. Mais l'hostilité d'une partie des médias locaux et de l'opinion publique sur ses choix trop ambitieux, l'ont contraint à mettre un terme à sa mission plus vite que prévu en avril dernier.

Le bâtisseur breton avait pourtant conquis l'adhésion de ses joueurs en leur proposant un cadre tactique conforme à leur qualité technique. Et si la CAN-2015 s'est soldée par une élimination en quarts par la Côte d'Ivoire, futur champion, l'entraîneur de Rennes avait laissé la demeure en excellent état avec 17 buts inscrits en quatre matches éliminatoires de la CAN-2017...

"Le problème de l'Algérie, c'est qu'il y a un travail qui est bien fait et qu'ensuite, on repart de zéro. Prendre un sélectionneur algérien, et le laisser travailler sur le long terme, peut être aussi bien. Au moins, les joueurs vont beaucoup plus (le) respecter", a analysé sur RMC l'ancien international Ali Benarbia, qui s'est positionné pour le poste à terme.

Autre facteur de cet échec, les lacunes défensives trop criantes depuis des mois pour espérer faire un résultat au plus haut-niveau. Symbole de l'incapacité à trouver la bonne formule, le turn-over au poste d'arrière-droit lors des cinq derniers matches officiels.

Après Mehdi Zeffane, cloué au pilori pour sa prestation contre le Cameroun (1-1) en octobre dernier et plus jamais rappelé depuis, Mokhtar Belkhiter, responsable sur les deux buts du Zimbabwe (2-2), a été sorti dès la mi-temps... Les reverra-t-on un jour ?

C'est mal parti pour le Mondial...

Idem pour la charnière, où le capitaine Aïssa Mandi, loin d'être le "patron" attendu, a vu Carl Medjani, Liassine Cadamuro, Hichem Belkaroui et enfin Ramy Bensebaïni se succéder à ses côtes sans succès.

Et quand même Faouzi Ghoulam, joueur de Naples considéré comme l'un des meilleurs latéraux de Serie A, se met à faire des erreurs stupides comme contre la Tunisie (2-2), c'est que vraiment quelque chose ne tourne pas rond dans l'animation.

"Nous devons relever la tête et retrouver notre force pour les prochaines compétitions, en particulier pour les éliminatoires de la Coupe du monde", a appelé Yacine Brahimi, après le dernier match nul contre le Sénégal (2-2), synonyme d'élimination au premier tour de la CAN.

Car si le très mauvais départ a entamé sérieusement les chances de qualification pour une 3e phase finale de Mondial consécutive, tout reste encore possible avec une double confrontation à venir contre la Zambie, adversaire présumé le plus faible de ce "groupe de la mort" où sont tombés les Fennecs, l'été prochain.

A condition de trouver le sélectionneur idoine, capable de redonner une assise défensive solide qui permettra de laisser s'exprimer pleinement l'arsenal offensif, et de supporter la pression incroyable autour de l'équipe nationale. Le genre de profil qui ne court pas les rues !

Les Fennecs n'ont plus gagné à la CAN depuis 1990, leur unique sacre continental.

Avec AFP