"Le tirage au sort? Oh, on a l'habitude, on tombe tout le temps ensemble ! Donc on n'en parle même plus, de toutes façons on sera dans le même hôtel. La seule chose différente c'est qu'on ne sera pas dans la même chambre", plaisantait Ghoulam avant la compétition, interrogé par l'AFP à Naples en compagnie de son compère.
"Depuis qu'il a choisi de jouer pour le Sénégal, on se croise tout le temps. On a joué en Afrique du Sud contre le Lesotho et eux jouaient contre l'Afrique du Sud, donc on a fait le voyage ensemble. Ensuite ils ont fait un amical en Algérie etc.", racontait encore l'ancien Stéphanois.
Lundi à Franceville, les deux défenseurs vont donc être obligés de revoir leurs habitudes et leurs automatismes, nés de deux ans et demi de complicité à Naples, sur la gauche du terrain et en dehors, comme le montrent régulièrement les photos postées par l'un ou l'autre sur les réseaux sociaux.
Surtout, l'affaire sera sérieuse. Car si le Sénégal est déjà qualifié pour les quarts, l'Algérie est elle au bord de l'élimination et a absolument besoin d'une victoire, qui ne sera d'ailleurs pas forcément suffisante.
"Ca nous ferait plaisir de sortir tous les deux du groupe. Mais au club sûrement un peu moins", avait pourtant plaisanté Ghoulam avant le tournoi.
Italien deuxième langue
Auteur d'un match totalement raté lors de la deuxième journée contre la Tunisie (défaite 2-1), l'Algérien risque en fait de retrouver plus vite que prévu Naples et le stade San Paolo, où lui et son acolyte se sont affirmés parmi les meilleurs défenseurs de Serie A.
"Pendant ma première année avec Rafael Benitez, j'ai vraiment beaucoup, beaucoup appris. C'était difficile en venant de Belgique où le jeu est moins rapide, moins intense. Le coach m'a fait confiance, puis j'ai un peu moins joué. Cela faisait partie de mon apprentissage et il fallait être patient", raconte Koulibaly, arrivé de Genk à l'été-2014.
"Puis quand M. Sarri est arrivé, j'ai continué à progresser. La tactique, la rigueur, c'est ce qui me manquait, ça m'a permis de grandir", ajoute celui qui estime aussi avoir eu "la chance de faire de l'Italien à l'école".
"En Lorraine (il est né et a grandi à Saint-Dié-des-Vosges, ndlr) il y a beaucoup d'Italiens et c'était ma deuxième langue", explique-t-il.
Ghoulam n'avait pas cet atout lors de son arrivée six mois plus tôt, mais il ne s'est vraiment pas senti dépaysé quand il a débarqué à Naples.
"J'avais l'impression d'être en Algérie. C'est la même façon de vivre, la même manière de percevoir le football. J'avais l'impression de voir toute l'Algérie concentrée dans une seule ville", raconte-t-il.
"Je me suis vite senti comme chez moi, la mentalité napolitaine ressemble à celle des Algériens. Et la pression, ça m'a rappelé Saint-Etienne, qui est un club très important pour beaucoup de Français", ajoute l'ancien Vert.
Mahrez ou Mané ?
Pour Koulibaly aussi, l'acclimatation a été rapide. "Pour moi c'est l'idéal. J'adore cette ville, ma famille aussi", assure-t-il.
"En arrivant ici ça a été spectaculaire. C'est une autre manière de vivre. Les gens sont vraiment tifosi. Vivre avec la mer, les gens qui sont super accueillants, peu de clubs peuvent t'offrir ça", estime-t-il.
Mais avant de retrouver le Golfe de Naples et une fin de saison pleine d'enjeux avec leur club, notamment un alléchant 8e de finale de Ligue des Champions contre le Real Madrid de Ronaldo et Zidane, les deux frères napolitains doivent donc d'abord régler la question de la suprématie en Afrique, l'une des seules sur lesquelles ils sont en désaccord.
Le meilleur joueur du continent? "Ryad Mahrez !", s'exclame Ghoulam. "Pour toi peut-être", répond Koulibaly. "Moi je dis Sadio Mané !".
Avec AFP