Seule sa coiffure a changé. Edu a troqué sa teinture rose de la CAN 2022 pour des cheveux attachés en queue de cheval. Mais il est toujours aussi décisif, c'est lui qui a marqué le but du "Nzalang", (L'Éclair) contre le Nigeria (1-1) au premier match.
Iban Salvador mérite d'être distingué pour ses qualités de footballeur plutôt que pour sa coupe de cheveux. Élu deux fois homme du match à la CAN-2022, cet anonyme joueur de deuxième division espagnole avait crevé l'écran.
Edu est comme Gennaro Gattuso, champion du monde 2006 avec l'Italie: il aime surjouer les durs alors qu'il est un vrai technicien, bien plus qu'un aboyeur.
Au Cameroun en 2022, son harcèlement de l'arbitre et des "Fennecs" avait découragé l'Algérie (1-0): homme du match. Sa passe décisive pour Pablo Ganet avait permis de battre la Sierra Leone (1-0): homme du match.
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Son surnom, "El Picaro", soit "Le Voleur", ou "Le Fripon", rend hommage au vice bien senti de l'homme aux mains tatouées, au centre de gravité assez bas (1,73 m).
"On ne sait même pas à quel poste il joue, milieu gauche, défenseur...", lançait admiratif Hamari Traoré à l'AFP, capitaine du Mali, victime du Nzalang en 8e de finale en 2022 (0-0, 6 t.a.b. à 5), où Iban Salvador avait réussi son tir au but.
La Coupe d'Afrique lui a toujours réussi. En 2015, la Guinée équatoriale avait atteint une historique demi-finale (3-0 contre le Ghana), à domicile. En 2022 elle était allée jusqu'en quarts, ne s'inclinant que contre le futur champion, le Sénégal (3-1). En 11 matches de CAN, Iban Salvador a marqué 2 buts, réussi une passe décisive... et récolté trois jaunes.
Formé à L'Hospitalet de Llobregat, en Catalogne, sa ville natale, il a su adapter son jeu à l'espagnole de gaucher aux exigences de la CAN, qu'il dispute pour la Guinée équatoriale de son grand-père maternel.
En Afrique, "le foot est assez différent du football européen, il y a plus de contacts, le jeu est plus dur. Moi j'y suis habitué, en deuxième division", sourit le Picaro.
A se demander pourquoi un joueur si précieux a fait sa carrière en club dans les divisions inférieures. Après quatre saisons à Fuenlabrada, Iban Salvador, 28 ans, joue désormais en deuxième division... polonaise, au Miedz Legnica, où il est prêté par Ceuta. Des blessures à une cheville, à un genou, aux ischios-jambiers ont contrarié sa carrière.
Car s'il distribue les tacles, il en reçoit aussi. "Ce que subit Iban, c'est vertigineux...", racontait son ancien entraîneur à Fuenlabrada, José Ramon Sandoval. "Il subit de nombreuses fautes, c'est une persécution totale. On commence à s'inquiéter. Beaucoup de ces fautes ont lieu quand il n'a même pas le ballon et à contre-temps".
L'entraîneur du club de la banlieue de Madrid soulignait que "toutes les fautes qu'il subit nous offrent souvent des occasions de but". Sandoval décrivait surtout "un gros caractère de compétiteur", mais ça toute l'Afrique le sait déjà.