Cette annonce par l'Autorité du canal de Suez (SCA), tôt lundi matin, augure d'une sortie de crise proche, après un incident qui a occasionné depuis mardi des milliards de dollars de pertes.
Un peu avant la mi-journée, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi n'a pas attendu la fin du renflouement pour se féliciter d'une opération "réussie", alors que le célèbre canal est une importante source de revenus pour son pays.
"Aujourd'hui, les Egyptiens ont réussi à mettre fin à la crise du navire échoué dans le canal de Suez, malgré l'énorme complexité technique entourant ce processus", a tweeté M. Sissi.
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Selon la revue spécialisée britannique Lloyd's List, le blocage du canal a créé un embouteillage de 425 navires, qui attendaient lundi matin de pouvoir franchir ce goulot d'étranglement du commerce maritime mondial reliant la mer Rouge et la Méditerranée.
Il faudra "trois jours et demi environ" pour que tous ces navires le "traversent", a prévenu Ossama Rabie, président de la SCA, sur la chaîne locale de télévision Sadaa al-Balad.
Il a ajouté que la voie d'eau allait fonctionner "24 heures sur 24, immédiatement après le renflouement du navire". M. Rabie n'a en revanche pas précisé quand le porte-conteneurs pourrait être complètement dégagé.
Plus tôt, ce responsable avait annoncé que le positionnement du navire avait "été rétabli à 80% dans la bonne direction". La poupe s'est "éloignée de 102 mètres de la rive alors qu'elle était à quatre mètres seulement" auparavant, selon lui.
"Les manoeuvres de renflouement vont reprendre quand le débit de l'eau augmentera à nouveau à partir de 11h30 locales (9h30 GMT)", a encore déclaré M. Rabie.
La veille, un coefficient de marée plus élevé avait déjà suscité l'optimisme sur une issue prochaine de l'incident.
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Manoeuvres
Lundi matin, une porte-parole de Maersk a de son côté indiqué à l'AFP que le géant danois du transport maritime attendait "les prochaines étapes. C'est trop tôt pour dire combien de temps cela prendra pour remorquer le navire et quand le canal de Suez sera rouvert".
Une image obtenue par l'AFP lundi matin montre la poupe de l'Ever Given éloignée de la rive ouest du canal, ainsi que plusieurs remorqueurs manoeuvrant autour du géant des mers --400 mètres de longueur et plus de 200.000 tonnes-- qui s'était mis en travers de la voie d'eau.
Un porte-parole de Shoei Kisen, entreprise japonaise propriétaire du navire, avait fait savoir peu avant l'annonce de la SCA que le navire géant avait "tourné" mais ne "flottait pas" encore.
Il est "bloqué à un angle de 30 degrés" par rapport au bord du canal mais il a désormais davantage d'amplitude de mouvement, avait-il précisé.
Selon un responsable du canal s'exprimant lundi auprès de l'AFP sous couvert d'anonymat, les équipes "ont procédé à des vérifications techniques et ils se sont assurés que le moteur du navire fonctionnait".
Dans un communiqué publié vers 5 heures (3 heures GMT), la SCA avait expliqué que les manoeuvres de remorquage pour le renflouement avaient "commencé à l'aide de dix remorqueurs géants".
Le remorqueur néerlandais Alp Guard est arrivé dans la nuit de dimanche à lundi et l'Italien Carlo Magno se trouvait lui aussi sur place lundi matin, selon des sites de visualisation maritime.
Le porte-parole de la SCA, George Safwat, a précisé dimanche matin que quelque 27.000 m3 de sable avaient été dégagés, à 18 mètres de profondeur. Mais les autorités ont reconnu rencontrer des difficultés, notamment en raison de la nature "rocheuse" du sol.
Selon Ihab Talaat el-Bannane, ancien amiral égyptien, "l'accident s'est produit dans la partie du canal où le sol est rocheux et qui avait d'ailleurs été le plus difficile à creuser".
L'Ever Given s'est mis mardi en diagonale du canal, bloquant complètement cette voie d'eau large d'environ 300 mètres.
Les conditions météo extrêmes --vents violents et tempêtes de sable-- ont tout d'abord été blâmés, avant que le chef de la CSA n'évoque la possibilité d'"erreurs, humaine ou technique", sans autres indications.
Plus de 400 navires bloqués
Le canal de Suez, long de quelque 190 km, voit passer environ 10% du commerce maritime international et chaque journée d'indisponibilité entraîne d'importants coûts.
L'assureur Allianz a estimé vendredi que chaque jour d'immobilisation pourrait coûter entre six et 10 milliards de dollars.
La valeur totale des biens bloqués ou devant emprunter une autre route diffère selon les estimations, oscillant entre trois et 9,6 milliards de dollars.
Les cours du pétrole ont connu de brusques hausses depuis le début de l'incident.
Les autorités du canal ont affirmé que l'Egypte perdait elle entre 12 et 14 millions de dollars par jour de fermeture. Près de 19.000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon la SCA.