Washington dénonce la capture de navires ukrainiens

L’Ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, Nikki Haley, lors de la réunion du Conseil de sécurité sur l’escalade des tensions entre l’Ukraine et la Russie, New York, le 26 novembre 2018.

Les Etats-Unis ont dénoncé lundi une action russe "illégale" après la capture la veille de navires et équipages ukrainiens, réclamant leur restitution à Kiev et soulignant que ce comportement rendait "impossible" une "relation normale" entre Washington et Moscou.

"Comme l'a dit le président de mon pays plusieurs fois, les Etats-Unis sont favorables à une relation normale avec la Russie. Mais des actions illégales comme celle-ci rendent cela impossible", a souligné l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité demandée par l'Ukraine.

"Les Etats-Unis condamnent cette action agressive de la Russie", a abondé dans un communiqué le secrétaire d'Etat Mike Pompeo. Ils lui demandent "de rendre à l'Ukraine ses navires et ses marins détenus, de respecter sa souveraineté et son intégrité territoriale dans ses frontières internationalement reconnues, y compris ses eaux territoriales", a-t-il ajouté.

"Nous appelons la Russie à respecter ses obligations internationales et ne pas s'opposer ou harceler le transit maritime ukrainien dans le détroit de Kertch", a aussi affirmé Nikki Haley.

"Au nom de la paix et la sécurité internationales, la Russie doit cesser immédiatement ses comportements illégaux et respecter les droits de navigation et les libertés de tous les Etats", a insisté l'ambassadrice américaine, sans évoquer la possibilité de nouvelles sanctions américaines contre la Russie réclamées par Kiev.

Cet avertissement américain intervient quelques jours avant une rencontre prévue entre Donald Trump et Vladimir Poutine, en marge du sommet du G20 à Buenos Aires, en Argentine. "Nous n'aimons pas ce qui s'est passé", a affirmé devant des médias le président américain, en assurant que Washington et l'Europe travaillaient "ensemble" sur cette affaire.

A l'initiative des Etats-Unis, une session du Conseil de sécurité demandée lundi matin par Moscou et intitulée "Violation des frontières de la Russie" a tourné court.

Lors d'un vote de procédure, le Conseil de sécurité a rejeté la tenue de cette session par sept voix (Etats-Unis, Européens et Koweit) sur ses 15 membres. La Russie n'a été épaulée que par la Chine, la Bolivie et le Kazakhstan. Les trois pays africains du Conseil et le Pérou se sont abstenus.

Lors d'une prise de parole, l'ambassadeur russe adjoint, Dimitri Polanski, s'est vivement élevé contre les Occidentaux qui alimentent un comportement "anti-russe". "Vous attisez les haines" contre la Russie, a-t-il lancé, en dénonçant "la violation" commise selon Moscou par les navires ukrainiens dans le détroit de Kertch.

La Russie dimanche n'a cherché "qu'à assurer la sécurité du pont" enjambant ce détroit, a-t-il dit, estimant que la demande d'activation de la loi martiale par le président ukrainien ne visait qu'à "reporter la présidentielle" prévue au printemps.

L'ambassadeur ukrainien à l'ONU, Volodymyr Yelchenko, a souligné qu'il "n'y avait pas de frontière russe" aux abords de la Crimée, "temporairement occupée", dont l'annexion en 2014 par la Russie n'a pas été reconnue internationalement.

Il a lu au Conseil le script d'écoutes réalisées lors de la capture dimanche des navires ukrainiens. "Haut les mains, haut les mains! Jetez vos armes sinon nous allons tirer et vous tuer", a rapporté le diplomate citant un militaire russe.

La confrontation russo-ukrainienne a fait selon Kiev six blessés, dont trois grièvement avec un marin en "situation critique". Moscou, qui détient trois navires ukrainiens et 23 marins ukrainiens, a évoqué trois blessés.

Avec AFP