Né le 15 octobre 1930 à Kikaikelaki par Kumbo dans la région du Nord-ouest Cameroun, Christian Wiyghan Tumi aura été jusqu’ici le seul camerounais nommé cardinal, et l’un des rares africains appartenant au collège électoral des papes. Il décède après de longues années de chantiers dans la foi chrétienne, mais aussi de la construction de la démocratie au Cameroun.
C’est en effet le 17 avril 1966 qu’il est ordonné prêtre pour le diocèse de Buéa. Il ira poursuivre sa formation en sciences de l’éducation au Nigeria voisin, puis en Grande-Bretagne. Chemin faisant, il va s’inscrire en théologie à l’Institut catholique de Lyon (France). Il obtient par la suite une licence en philosophie à l’Université de Fribourg (Suisse) et après, un doctorat.
De retour dans son Cameroun natal, il est nommé recteur du grand séminaire régional de Bambui dans l’archidiocèse de Bamenda. Puis évêque de Yagoua le 6 décembre 1979, il est consacré le 6 janvier 1980 par le pape Jean-Paul II en personne.
Le 19 novembre 1982, il devient archevêque coadjuteur de Garoua, diocèse dont il sera fait archevêque le 17 mars 1984. Enfin, il va s'installer à l'archevêché de Douala le 31 août 1991.
Président de la Conférence épiscopale camerounaise entre 1985 et 1991, il se retire de sa charge d’évêque comme le prescrit la loi canon à 79 ans. Mgr Samuel Kleda lui succède.
En reconnaissance de son implication pendant près d’un demi-siècle de pastorat, en faveur de la famille, des laissés pour compte, de l’avènement et du respect du jeu démocratique au Cameroun, le 15 novembre 2011, il reçoit le Prix de l’Intégrité décerné par l'ONG Transparency International.
Liberté de ton
Ses prises de positions politiques ont souvent irrité aussi bien les autorités de Yaoundé que les séparatistes.
Il est enlevé le 5 novembre 2020 avec le Fon (chef) de la communauté Nso par les séparatistes anglophones de la République autoproclamée d'Ambazonie. Le cardinal Tumi est relâché le lendemain à cause de son état de santé.
Bal des hommages
Le bal des hommages est ouvert par la "Catholic news agency" qui annonce la disparition d’un homme qui travaillait pour le retour de la paix dans son pays.
Le Ministre Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du Rdpc, parti au pouvoir, témoigne de la grandeur du disparu: "tu es probablement la personnalité la plus emblématique du Clergé camerounais…"
Pour sa part, le principal opposant camerounais, Maurice Kamto, a salué "la grandeur et la mémoire d'un homme de foi qui a aimé son Dieu et son prochain. Sa vie fut un témoignage. Que sa mort soit une révélation".