L'organisation du référendum
La question posée dimanche aux Catalans était : "Voulez-vous que la Catalogne soit un Etat indépendant sous forme de république ?"
Quelque 5,3 millions d'électeurs étaient appelés à se prononcer. Selon le gouvernement séparatiste de Catalogne, le "oui" l'a emporté avec 90% des voix. Il a assuré que 2,26 millions de personnes avaient voté, établissant le taux de participation à 42,3%.
712 des 948 municipalités catalanes avaient accepté de participer au scrutin.
En théorie, en vertu de la loi votée le 6 septembre par la majorité séparatiste au parlement catalan, l'indépendance doit être proclamée dans les 48 heures suivant une victoire du "oui".
Le choc des mots et des matraques
Le président de la Catalogne Carles Puigdemont a affirmé dimanche que les habitants de sa région avaient gagné "le droit d'avoir un Etat indépendant qui prenne la forme d'une République". Samedi, il avait assuré qu'en cas de victoire du "oui", il déclarerait l'indépendance de la Catalogne.
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a lui estimé qu'il n'y avait "pas eu de référendum d'autodétermination en Catalogne". "L'Etat de droit reste en vigueur avec toute sa force", a-t-il dit.
Au moins 92 personnes ont été blessées parmi les 844 ayant "sollicité assistance sanitaire pendant la journée du référendum, en relation avec les charges des forces de police de l'Etat", selon le gouvernement régional.
Trente-trois policiers ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur, qui affirme que certains ont essuyé des jets de pierre.
10.000 membres des forces de l'ordre avaient été envoyés en renfort en Catalogne par Madrid, selon le journal El Pais.
Avant même le début du référendum, la police avait multiplié les perquisitions, saisi des millions de bulletins de vote, fermé des sites internet, mis sous scellé environ la moitié des 2.300 bureaux de vote.
Le poids de la Catalogne
Grande comme la Belgique, la Catalogne fait partie avec Madrid des deux régions les plus riches d'Espagne. Ce pays est lui-même la quatrième économie de la zone euro.
Ce territoire ayant une langue et une culture propres, bordé par la Méditerranée et les Pyrénées, représente 6,3% de la superficie de l'Espagne, 16% de la population et un cinquième du PIB.
La Catalogne accueille industries de pointe et centres de recherche.
Elle fournit un quart des exportations de l'Espagne et connaît un taux de chômage de 13,2%, quatre points de moins que la moyenne nationale.
Terre des peintres Salvador Dali et Joan Miro ou de l'architecte Antoni Gaudi, la Catalogne est la première région touristique d'Espagne.
En sport, Barcelone est la seule ville espagnole à avoir accueilli les jeux Olympiques d'été, en 1992, et le FC Barcelone est le deuxième club le plus titré du pays.
La Catalogne est néanmoins l'une des régions espagnoles les plus endettées avec une dette publique égale à 35,2% de son PIB. La région dénonce la répartition inéquitable des deniers publics en Espagne, responsable de son asphyxie financière, ce que Madrid conteste.
De larges compétences
Berceau de l'anarchisme en Espagne, la Catalogne a souvent eu des relations complexes avec le pouvoir central.
La dictature de Francisco Franco (1939-1975) avait retiré ses compétences et infligé une dure répression à ce fief de ses ennemis Républicains, interdisant aussi l'usage officiel du catalan.
Aujourd'hui, la Catalogne dispose de très larges prérogatives en tant que "communauté autonome historique", comme le Pays basque (nord), la Galice (nord-ouest) et l'Andalousie (sud).
Dans une Espagne très décentralisée, elle doit respecter la Constitution, mais administre directement la santé et l'éducation et a sa propre police - les "Mossos d'Esquadra" -, également soumise au pouvoir central.
A partir de 2003, la Catalogne obtient un renforcement de ses compétences. L'annulation partielle de ce "statut" par la Cour constitutionnelle en 2010, a alimenté, comme la crise économique, le sentiment indépendantiste.
Avec AFP