"Jamais un gamin ne m'a demandé ce que mes sculptures voulaient dire. Je sculpte des hommes. J'ai tellement peur qu'on ne me comprenne pas, ou qu'on interprète mal ce que je dis, que je parle très directement. C'est la même chose en art", disait Ousmane Sow, du haut de son 1,93 m.
Le sculpteur sénégalais Ousmane Sow est mort jeudi 1er décembre. Hospitalisé depuis plusieurs mois, il s'est éteint à l'âge de 81 ans.
Ousmane Sow était connu pour ses sculptures monumentales de guerriers qui ont fait le tour du monde.
Un artiste international
Né le 10 octobre 1935 à Dakar, l'artiste a marqué le monde de l'art et de la sculpture.
A l'école, ce fils de comptable se plaisait à tailler de petites figurines dans des blocs de calcaire. Puis il s'est intéressé au fil de fer. Quand il part pour la France, il ne pense pas un instant à en faire un métier.
A Paris, Ousmane Sow a parfois faim et froid. Il fait tous les métiers, puis devient infirmier et finalement kinésithérapeute. Une formation qui lui confère une parfaite connaissance des muscles et de l'anatomie dont il ne cessera de se servir plus tard pour ses créations.
Il commence à travailler sur une importantes séries de sculptures en 1984 en s'inspirant de photographies de la population Nouba.
Après l'indépendance du Sénégal en 1960, Ousmane Sow revient s'installer dans son pays, avant de monter un cabinet à Montreuil, en banlieue parisienne. Il sculpte toujours pour son plaisir mais jusqu'à l'âge de 50 ans, détruit ses oeuvres, par manque de place notamment.
Un jour, un ami attire l'attention du Centre culturel français de Dakar sur ces sculptures et celui-ci lui consacre une exposition en 1987. Un succès, et le début d'une carrière fulgurante pour cet homme libre, qui n'a "jamais eu de patron".
Il commence aussi à travailler sur des statues représentant des Masaïs, Zoulous et Peuls.
En 1999, il expose ses oeuvres inspirées des ethnies africaines sur le Pont des Arts à Paris. Depuis 2012, il est nommé "membre associé étranger" à l'Académie des Beaux-Arts en France.
Condolénces autour du monde
Dans un communiqué, le président français François Hollande a rappelé qu' "Ousmane Sow fut, en 2013, le premier artiste d’origine africaine à faire son entrée à l’Académie des Beaux-arts. En dédiant l’honneur qui lui était fait à 'l’Afrique toute entière', il demeurait fidèle au rapprochement des cultures auquel il était tant attaché".
"Ses œuvres sont le reflet de ses engagements, et ses géants se tenaient toujours debout", a ajouté le président.
La présidence du Sénégal a également présenté ses condoléances.
Tout comme la secrétaire générale de la Francophonie.
La mort du sculpteur sénégalais Ousmane Sow, survenue jeudi à Dakar à l'âge de 81 ans, est "une très grosse perte pour la sculpture sénégalaise et africaine", a déclaré à l'AFP le ministre sénégalais de la Culture Mbagnick Ndiaye.
"C'est une très grosse perte pour la sculpture sénégalaise et africaine. Ousmane Sow a été un véritable ambassadeur de la culture" sénégalaise, affirmé M. Ndiaye, joint par téléphone à Abou Dhabi où il doit assister à une conférence internationale sur le patrimoine en péril vendredi et samedi.
"Les oeuvres d'art qu'il a exposées à travers le monde montrent qu'il était un géant de la culture. C'est une véritable perte", a poursuivi le ministre.